L’homme, qu’il soit prédateur, en étant chasseur cueilleur, ou qu’il soit producteur, en étant agriculteur, a toujours eu un effet plus ou moins marqué sur l’environnement. Cet effet a été cependant plus marqué à partir de « l’invention de l’agriculture » époque à laquelle l’ « écosystème » est devenu un « agro système ». L’évolution des systèmes agricoles en France du début du néolithique à la fin du 20eme siècle montre une succession de systèmes stables avec des impacts de plus en plus fort sur l’environnement et qui deviennent régulièrement en déséquilibre probablement essentiellement du fait de l’évolution de la population. L’exemple présenté de façon très synthétique est celui de la production du froment. D’un système stable de production sur brûlis ou abattis-brulis au néolithique avec des rendements difficiles à évaluer de nos jours on est passé à des systèmes de plus en plus intensifs avec des rendements vrais de 2 à 3 pour 1 à l’époque Gallo-Romaine, de 4 à 5 pour un à la fin du moyen âge, une production de 7 à 8 quintaux par hectare à la fin du 18eme siècle et de 75 q/ha à la fin du 20eme siècle. L’agriculture a permis la création d’une nouvelle biodiversité qui n’existait pas dans les zones humides initiales et la forêt primaire mais a, par ailleurs, détruit un certain nombre d’habitats. Les changements de systèmes agricoles ont été provoqués par différents facteurs dont l’augmentation de la population mais aussi les évolutions dans la structure de cette population, des marchés et des moyens de transport. Ils ont été rendus possibles par des innovations permanentes. Nous sommes, à ce début du 21eme siècle, à un nouveau tournant. La mise en œuvre de nouveaux moyens techniques (engrais, produits phytosanitaires, machines), qui permet une forte augmentation de la productivité a des avantages mais également des inconvénients qu’il faudra maitriser, ce qui nécessitera de nouveaux efforts de recherche et d’innovation. Des lanceurs d’alertes se font fait entendre dès les années 1960 mais le débat s’est amplifié au cours des vingt dernières années non sans une certaine cacophonie nécessitant une clarification des termes utilisés. Philippe Viaux présentera ce que sous-entendent les termes utilisés aujourd’hui pour décrire les principaux systèmes de culture, Patrick Durand nous montrera comment une coopérative agricole approche la problématique du développement durable et, après la discussion, André Grammont tirera les conclusions en particulier sur le besoin de clarifier le vocabulaire utilisé.
Bernard Le Buanec