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Les paradoxes et les questionnements soulevés par l’exploitation de la biodiversité (autochtone et introduite) en aquaculture

28/10/2013

Résumé : L’aquaculture a connu un développent sans équivalent dans l’histoire des
productions agricoles depuis 30 ans (accroissement de la production mondiale d’environ 10%
par an) parvenant à un niveau de production équivalent à celui de la pêche en termes de
contribution à l’alimentation humaine. Si le niveau de diversité des espèces d’élevage est
relativement élevé, seul un faible nombre d’entre elles contribue à l’essentiel du volume de
la production, semblable en cela aux productions terrestres, végétales et animales. Les
transferts et introductions d’espèces sont pour une large part dans cette situation, d’autant
qu’en effectuant ces introductions, les opérateurs (dans leur grande diversité) s’approprient
au moins autant le paquet technologique acquis sur l’élevage de l’espèce que l’espèce elle-
même. Si le bilan de ces introductions considéré sous le double éclairage écologique et socio-
économique est évalué comme globalement nettement positif, un certain nombre d’impacts
sur la biodiversité, les habitats aquatiques, les pathogènes et la diversité génétique ont été
évalués comme étant négatifs. Il n’en reste pas moins que ces évaluations demeurent
largement approximatives et que des indicateurs plus objectifs et performants restent à
inventer. La domestication de “nouvelles” espèces autochtones en vue de leur élevage dans
leur aire d’origine a connu des développements importants à partir des années 1980 et des
succès spectaculaires ont été enregistrés (saumon, poisson-chat du Mékong), mais cette
approche et les pratiques induites ne constituent pas la panacée que les protecteurs de la
biodiversité et adversaires des introductions d’espèces exotiques attendaient. L’élevage
d’espèces à proximité des populations sauvages d’où elles sont issues n’est pas sans
conséquence sur ces dernières et certains scientifiques en viennent aujourd’hui à avancer que
les impacts induits pourraient se révéler plus graves qu’avec des espèces exotiques. Là aussi
l’invention de nouveaux outils, tant pour rendre plus génériques les approches de
domestication que pour évaluer l’impact de la proximité de la même espèce à l’état sauvage
et captif devient indispensable. Ces questions vont prendre d’autant plus d’importance à
l’avenir que c’est sur l’aquaculture et elle seule (le niveau maximal d’exploitation des
ressources aquatiques naturelles par la pêche étant déjà atteint) que repose désormais le
surcroît de production pour satisfaire une demande croissante au niveau mondial.