Reconstruire « la forêt » de Notre-Dame
Au lendemain de l’incendie : émotion planétaire et controverses
Le 15 avril 2019, un incendie ravageait la toiture de la cathédrale Notre-Dame de Paris et sa charpente, surnommée « - la forêt- ». Les images dantesques des flammes ont sidéré des millions de regards incrédules. Sur les cendres du brasier, les controverses ont enflé, sur les choix architecturaux, la disponibilité en chênes dans nos forêts, l’existence des savoir-faire techniques…
L’Établissement public national chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris était créé le 29 juillet 2019. En juillet 2020, la décision de reconstruire la charpente « - à l’identique - » était prise. L’Académie d’agriculture de France, qui s’était engagée en ce sens au lendemain de la catastrophe, a consacré sa séance du 18 mai 2022 à quelques regards inédits sur une restauration qui constitue une aventure scientifique et technique mais aussi humaine.
Mobilisation exceptionnelle de savoir-faire pour un chantier à la fois historique et novateur
Le chantier relève en effet de multiples défis. La sécurisation de l’édifice en péril, acquise avec une mise hors d’eau définitive à l’été 2021, a été une véritable prouesse : après le démontage de l’échafaudage tordu par le brasier, c’est une première charpente en bois techniques résineux qui a permis de stabiliser l’édifice (consolidation des arcs-boutants par des cintres, pose d’un plancher, doublage de la voûte par des cordistes se chargeant d’assembler au plus près des éléments pré-montés et acheminés à la grue par l’extérieur).
Parallèlement, se déroule un gigantesque chantier archéologique d’urgence, avec la documentation systématique des vestiges évacués (un linéaire de 2 500 mètres pour le seul bois calciné). Les récoltes de bois se sont engagées début 2021 dans 145 forêts de France, coordonnées par l’Interprofession France Bois Forêt ; les premières pièces, destinées au chantier de la flèche de Viollet-le-Duc, devraient être mises en œuvre cet automne 2022.
Une aventure à la charnière des technologies et des relations entre citoyens et monde vivant
Les chantiers médiévaux des cathédrales ont été de formidables creusets d’innovations. Un des enjeux majeurs de ce chantier du XXIe siècle est la mise en lumière, la valorisation et la transmission des savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui ; ceux de demain s’y élaborent. De multiples compétences et techniques, traditionnelles ou récentes, de tous horizons ont été mobilisées, sous l’égide des pouvoirs publics, par le monde de la recherche, à l’initiative de professionnels, de fédérations compagnonniques, au sein d’associations comme Restaurons Notre-Dame.
La « - forêt de Notre-Dame - », emblématique pour les forestiers des « futaies cathédrales », est un symbole de l’utilisation raisonnée des ressources naturelles, de la prise en compte du temps long et du lien entre l’Homme et la nature. La futaie régulière de chêne a été inscrite à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel le 8 juillet 2022.
Elle porte un message bienvenu, au moment où renouer le lien entre les citoyens, la forêt et le bois est un des enjeux de notre adaptation au changement climatique.
Geneviève Rey, membre de l’Académie d’agriculture de France, présidente de la commission Ressource Forestière de l’association « Restaurons Notre-Dame »
> En savoir plus en lisant le Point de vue d’Académiciens : « Pourquoi il est possible de refaire rapidement la charpente médiévale de Notre-Dame de Paris, en chênes du 21e siècle », daté du 30 avril 2019
> En savoir plus en revivant la Séance hebdomadaire de l’Académie du 18 mai 2022 : « Reconstruire ‘La forêt’ de Notre-Dame de Paris »
> En savoir plus en lisant le dossier de l’Office national des forêts : « Les savoirs et savoir-faire de la futaie régulière de chêne »
> En savoir plus en revivant la Conférence de Jonathan Truillet (Etat des lieux des travaux)
Photo (Pascal Jacob) : « Restaurons Notre-Dame » Des cintres pour sécuriser les arcs-boutants
https://www.restauronsnotredame.org
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Rebuilding "the forest" of Notre-Dame
In the aftermath of the fire: global emotion and controversy
On April 15, 2019, a fire ravaged the roof of the cathedral Notre-Dame de Paris and its frame, nicknamed "the forest". The Dantesque images of the flames stunned millions of incredulous eyes. On the ashes of the inferno, controversies swelled, on the architectural choices, the availability of oak trees in our forests, the existence of technical know-how ...
The national public establishment in charge of the conservation and restoration of the Notre-Dame de Paris cathedral was created on July 29, 2019. In July 2020, the decision to rebuild the frame "identically" was taken. The French Academy of Agriculture, which had committed itself to this goal in the aftermath of the disaster, devoted its session of May 18, 2022 to a few unprecedented glimpses of a restoration that constitutes a scientific and technical, but also human, adventure.
Exceptional mobilization of know-how for a project that is both historic and innovative
The work site is indeed facing multiple challenges. Securing the building in danger, which will be definitively out of water by the summer of 2021, was a real feat: after the dismantling of the scaffolding twisted by the blaze, a first framework in technical resinous wood was used to stabilize the building (consolidation of the buttresses with hangers, laying of a floor, lining of the vault -rope access technicians were in charge of assembling as closely as possible the pre-assembled elements that were transported by crane from outside). At the same time, a gigantic emergency archaeological work site was being carried out, with the systematic documentation of the evacuated remains (a linear distance of 2500 meters for the charred wood alone). The harvesting of wood began in early 2021 in 145 forests in France, coordinated by the Interprofession France Bois Forêt; the first pieces, intended for the construction of the Viollet-le-Duc spire, should be implemented in the autumn of 2022.
An adventure at the crossroads of technology and the relationship between citizens and the living world
Medieval cathedral construction sites were formidable crucibles of innovation. One of the major challenges of this 21st century building site is to highlight, promote and transmit the know-how of yesterday and today; those of tomorrow are being developed there. Many skills and techniques, traditional or recent, from all horizons have been mobilized, under the aegis of the public authorities, by the world of research, on the initiative of professionals, companion federations, within associations such as Restaurons Notre-Dame.
The "Notre Dame forest", emblematic for the foresters of the "cathedral forests", is a symbol of the reasoned use of natural resources, the consideration of the long time and the link between man and nature. The regular oak grove was registered in the national inventory of intangible cultural heritage on July 8, 2022.
It carries a welcome message, at a time when renewing the link between citizens, the forest and wood is one of the challenges of our adaptation to climate change.
Geneviève Rey, member of the French Academy of Agriculture, president of the Forest Resource Commission of the association “ Restaurons Notre-Dame ”
> Find out more by reading the Point of View of the Academicians: "Why it is possible to quickly rebuild the medieval framework of Notre-Dame de Paris, in 21st century oak", dated 30 April 2019
> Find out more by reliving the Academy's Weekly Session of 18 May 2022: "Rebuilding 'The Forest' of Notre-Dame de Paris"
> Find out more by reading the Office National des Forêts' dossier: "The knowledge and know-how of regular oak forestry".
> Find out more by reliving Jonathan Truillet's conference (State of the work)
Photo (Pascal Jacob): "Restoring Notre-Dame" Hangers to secure the buttresses
https://www.restauronsnotredame.org