Robert ORTAVANT
(1924-2011)
Né en 1924, fils d’éleveurs du Limousin, Robert Ortavant a été pensionnaire au lycée Gay-Lussac de Limoges à partir de l’âge de 10 ans.
En 1943, il entre à l’Institut national agronomique.
Il a commencé sa carrière professionnelle, comme ingénieur des services agricoles, détaché à l’Ecole d’insémination artificielle de Rambouillet (1946-1948).
En intégrant, en 1950, l’équipe de Charles Thibault dès sa fondation à Jouy-en-Josas, il s’attèle au travail monumental de sa vie, sa thèse sur la spermatogénèse du bélier, qui le conduira après 8 années de travail au doctorat d’État ès sciences en 1958. Cinq ans plus tard, à 39 ans, il est directeur de la Station de Physiologie de la reproduction.
L’heure de la décentralisation de l’INRA avait alors sonnée et il va se consacrer pleinement à la construction et à l’organisation du Centre de recherche de Tours dont sa station allait être le pivot.
Son rôle a été particulièrement important pour entraîner la majorité des chercheurs et des techniciens de sa station vers cet inconnu que constituaient quelques baraques préfabriquées posées dans une cour de ferme à Nouzilly-en-Touraine.
La conception du Centre de Tours avec les deux stations de recherche en pathologie et l’implantation de bâtiments d’animaux très proches des laboratoires a été une réussite ; aujourd’hui le Centre regroupe environ 600 personnes.
Même au moment où il s’adonnait au travail de constructeur et plus tard aux tâches administratives, R. Ortavant a su garder toute entière son activité scientifique en s’investissant dans les nombreux programmes entrepris dans sa Station sur l’insémination artificielle, la spermatogenèse, les rythmes biologiques ou l’ovulation.
A partir de 1976 et jusqu’à sa retraite, il a été chef du Département de Physiologie animale (125 chercheurs, 410 agents).
Toute sa vie, il a gardé le contact avec le monde agricole, montrant un intérêt particulier pour l’élevage ovin : pendant 8 ans, il a été Président du Comité scientifique de l’ITOVIC (Institut de l’élevage ovin et caprin).
Ce qui caractérise R. Ortavant, est son dévouement à ses fonctions et son souci de la perfection. Très discret et très attaché à sa famille, c’était un travailleur acharné et sa thèse est une véritable œuvre de bénédictin. Grâce à l’examen d’innombrables coupes microscopiques de testicule, il a pu définir avec une grande précision les étapes qui conduisent de la spermatogonie jusqu’au spermatozoïde. Ce travail fait de lui l’un des pionniers de l’étude de la spermatogenèse.
Pour les autres aussi il était exigeant, mais il savait admettre des méthodes différentes des siennes chez certains de ses collaborateurs.
Au moment de sa retraite en 1985, il s’est retiré en Limousin. Il s’est alors consacré à la sylviculture. Il est probable qu’il a montré autant de souci de la perfection dans la plantation de résineux qu’il l’avait fait, étant jeune, pour l’étude du testicule. Il s’est éteint dans sa 87e année, malheureusement atteint depuis plusieurs années par la maladie.
Robert Ortavant était chevalier de la Légion d’Honneur et officier de l’Ordre national du Mérite et du Mérite Agricole
par François du Mesnil du Buisson
Membre de l'Académie d'Agriculture de France