Professeur honoraire des Écoles nationales vétérinaires
Marcel THÉRET
(1918 – 2005)
J’ai le grand regret de vous faire part du décès de notre confrère, le Professeur Marcel Théret, né le 12 juin 1918, à Martizay dans l’Indre, qui nous a quittés à la fin du mois de septembre de cette année. Il avait été élu membre correspondant de notre Compagnie en 1971, puis membre titulaire en 1982, dans la section « Élevages et productions animales » dont il fut secrétaire durant quelques années.
Ingénieur agricole de l’ENSA de Rennes (1937), puis –après trois années et demie d’internement comme prisonnier de guerre- Docteur Vétérinaire de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort (1945), titulaire des certificats de licence de chimie biologique (1947) et de biologie générale (1949) de la Faculté des Sciences de Paris, Agrégé des Écoles Nationales Vétérinaires dans les disciplines Zootechnie, Hygiène et Économie rurale (1951), il a consacré toute sa carrière à l’élevage des animaux domestiques, partageant ses activités entre l’Enseignement et la Recherche. Il avait succédé en 1961 au Professeur E. Letard, son patron, comme Professeur titulaire de la chaire de Zootechnie et Économie rurale à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort (ENVA) ; il fut aussi Professeur à l’Institut d’Élevage et de Médecine Vétérinaire des Pays tropicaux, ainsi qu’à l’École Vétérinaire de Dakar, puis à celle de Sidi Thabet. Malgré la lourdeur des structures, il a pris l’initiative de moderniser l’enseignement de la Zootechnie à Alfort, en y introduisant des disciplines nouvelles comme, par exemple, dès 1946, les bases mathématiques de la statistique.
C’était avant tout un ethnologue, très curieux de l’évolution historique et actuelle des animaux domestiques, mais également très intéressé par les méthodes d’élevage. Ses travaux, concrétisés par environ 170 publications, concernent diverses facettes des productions animales touchant la génétique –notamment races bovines et sélection des animaux de boucherie –, la reproduction -notamment, fécondité, stérilité et insémination artificielle –, le logement et la stabulation libre, l’alimentation – notamment le rôle des additifs. Excellent spécialiste du chien, il a mis en place l’insémination artificielle chez cette espèce.
Il était membre titulaire de l’Académie Vétérinaire de France depuis 1973, membre correspondant de la Société Italienne pour le progrès de la Zootechnie et de la Société Vétérinaire de Madrid, membre de la Société d’Éthnozootechnie et ancien président de la Société Vétérinaire pratique.
Ses activités ont été reconnues par diverses récompenses, Prix de thèse, médaille d’argent et médaille de vermeil de l’Académie Vétérinaire de France, médaille d’argent de l’Académie d’Agriculture de France. Il était Officier des Palmes Académiques et du Mérite Agricole, Chevalier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite.
Homme loyal et fidèle en amitié, d’une profonde honnêteté intellectuelle, il était écouté et respecté par tous les membres de la section des productions animales. C’était un érudit, d’une immense culture zootechnique, très curieux, bienveillant et ouvert, doté de beaucoup de bon sens et d’une grande modestie dont les excès dissimulaient parfois son réel potentiel scientifique. Son décès est une grande perte pour nous qui étions ses amis, et particulièrement pour ceux qui allaient puiser à son savoir et recherchaient ses avis.
Alain Rérat
Vice-Président de l’Académie