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Elles et Ils nous écrivent

René Genet, Directeur de l'Anses

Réaction au "Points de vue d'Académiciens" intitulé : "Bien-être animal : attention aux malentendus ! https://www.academie-agriculture.fr/publications/publications-academie/points-de-vue/bien-etre-animal-attention-aux-malentendus

Xavier Boivin, Chargé de recherche à l’INRA

Monsieur le Secrétaire perpétuel, Mesdames et messieurs les académiciens,

Bonjour, Je m’appelle Xavier Boivin. Je suis chercheur à l’INRA, éthologiste, travaillant sur la construction des relations homme-herbivores d’élevage et mes recherches contribuent à ce que j’appelle les pratiques relationnelles de l’éleveur envers ses animaux. Je suis aussi expert pour l’Anses et j’ai appartenu au GT BEA qui a produit la définition du bien-être animal ainsi notamment qu’à l’expertise sur les matériaux manipulables en élevage porcin. J’ai aussi contribué à l’expertise collective INRA sur la conscience animale. LE DÉBAT SUR LA PLACE DE L’ANIMAL DANS NOTRE SOCIÉTÉ, EN PARTICULIER L’ANIMAL D’ÉLEVAGE EST OMNIPRÉSENT SUR LA SCÈNE MÉDIATIQUE. AUSSI, J’ai lu avec un grand intérêt le texte présentés dans le « POINT DE VUE D’ACADÉMICIENS SUR LE « BIEN-ÊTRE ANIMAL » ; ATTENTION AUX MALENTENDUS. » _par Barbara Dufour, Jeanne Grosclaude, Gilbert Jolivet et Gérard Maisse, Membres de l'Académie d'Agriculture de France._

A TITRE PERSONNEL, J’AI VOULU CONTRIBUER À VOTRE DÉBAT PAR CE PRÉSENT COURRIER. JE REGRETTE QUE VOTRE SESSION DE DISCUSSION N’AIT PAS ÉTÉ PUBLIQUE CAR J’AURAI AIMÉ M’ENRICHIR DE VOS ÉCHANGES.Veuillez trouver ci-joint mes commentaires sur certains éléments

Le texte de l’académie d’agriculture écrit : « _Mais en élevage cette « attente » des animaux n'est-elle pas le fruit, d'une part, du travail de domestication et de sélection fait depuis le néolithique et, d'autre part, du phénomène d'apprentissage chez les animaux nés en élevage ? La plupart des animaux d'élevage, bovins, ovins, caprins, équins, gallinacés, palmipèdes, salmonidés, etc. sont devenus, au cours des siècles voire des millénaires, génétiquement très éloignés de leurs ancêtres, qui parfois ont disparu. Une conséquence fondamentale est que le bien-être des animaux d'élevage doit être perçu en considérant le mode et le type d'élevage actuels et non pas à travers une référence à un état sauvage imaginé, parfois disparu, étranger à ces animaux sélectionnés. »_

Cette conception des attentes des animaux en relation avec la domestication, la sélection et un « phénomène d’apprentissage », de même que la référence à la nature mérite effectivement d’être discutée. Le « travail de domestication » n’est pas défini ici en termes de mécanismes, ni même les objectifs de domestication, ni même encore n’est défini ce qu’on entend par apprentissage.

En apparence, cette conception que prend le texte de l’académie semble correspondre à la définition donnée par Price (1999) comme un processus continuel de modifications d’une population par sélection génétique et de changements individuels se reproduisant à chaque génération. Mais on peut y voir également une divergence très importante : L’adaptation des populations en cours de domestication n’est pas complètement contrôlée par l’homme même si elle est provoquée, parfois non consciemment ou involontairement, par des contraintes imposées par l’homme.

Elle provient de mécanismes très divers.

1- Il existe obligatoirement une dérive génétique, des phénomènes de co-sélection génique, qui ne sont pas contrôlés par l’homme du fait de l’existence de différentes populations (races) domestiquées simultanément et génétiquement séparées. De nombreux caractères peuvent aussi ne pas s’exprimer dans un contexte et rester ainsi « cachés » à la sélection.

2- Les caractères sont souvent polygéniques rendant la plupart du temps la sélection d’un caractère longue et complexe. Les objectifs de sélection sont souvent multiples, contradictoires en fonction de la diversité des systèmes d’élevage. Le processus de domestication ne se réalise donc pas sur tous les traits phénotypiques simultanément et de la même façon dans les différentes populations en cours de domestication.

3- Les résultats de la sélection sont soumis fortement à l’interaction entre le génotype et l’environnement. De plus, ces changements peuvent être le fruit de modifications épigénétiques. Les travaux démontrant ce caractère épigénétique sont désormais nombreux.

Pour illustrer ces propos, allons d’abord chercher un exemple chez les rongeurs de laboratoire. Pour des besoins de recherche, les rats sont devenus standards, homozygotes, vivant dans des milieux contrôlés (cage standard), où lumière, température, alimentation peuvent être identiques dans le monde entier. Dans ce projet ratlife (ratlife.org) de l’université d’Oxford, les chercheurs ont observé des rats de différentes races, au sens de populations différenciées, utilisés en laboratoire dans un milieu beaucoup plus riche, soumis à un environnement diversifié, une alimentation variée et inconnue, la présence de prédateur potentiel… Dans ces conditions es animaux ont montré des comportements très peu explicables par un unique processus de sélection humaine ou d’apprentissage et qui se sont avérés finalement assez semblable à ceux de populations sauvages.

Si nous revenons aux animaux domestiques, les porcs expriment des comportements de recherche alimentaire quand ils sont élevés sur paille. Malgré des générations de domestication, ils montrent une attraction forte pour des matériaux manipulables quand ils sont élevés sur caillebotis et développent des stéréotypies en l’absence de matériaux manipulables (voir le Rapport de l’Anses sur les matériaux manipulables en élevage porcin).

De même, la variabilité individuelle et son origine génétique peuvent se révéler dans un contexte de moindre proximité avec l’homme et certains animaux peuvent ne pas supporter la présence humaine malgré des millénaires de « domestication » alors que d’autres peuvent être beaucoup plus faciles (ex Boivin et al, 1994, Le Neindre et al, 1996, Venot 2015).

A mon avis et compte-tenu de ce qui est dit ci-dessus, on se doit donc, quand on s’intéresse aux conditions de vie des animaux qui sont sous notre responsabilité, de se préoccuper de leurs prédispositions, qu’elles soient effectivement génétiques, épigénétiques ou construites du fait de leur expérience de vie individuelle. Leur histoire de population est importante à prendre en compte, autant dans leur passé sauvage que sous l’influence humaine. En accord avec l’opinion de l’académie, leur passé sauvage n’est pas une référence absolue, ni même imaginée. Par contre, l’observation des comportements sauvages est bien une source d’hypothèse et d’inspiration pour bien répondre à leurs besoins et leurs attentes.

Le texte de l’académie écrit aussi : « _Tous les systèmes d’élevage, tous les compagnonnages autres entre humains et animaux (animaux de travail, de loisir, de compagnie), sont issus de la capacité des hommes à exploiter les espèces animales pour les adapter à ses propres besoins, notamment par l’amélioration génétique au cours des siècles de sélection. Il s’agit donc bien d’une relation hiérarchisée entre éleveur et animaux élevés, constitutivement fondée sur une relation de confiance entre homme et animaux, socle de la bientraitance_».

Certains auteurs, dont je fais partie, considèrent que nous n’avons domestiqué que les animaux qui avaient des prédispositions à pouvoir l’être. Ces populations animales ont ainsi pu conquérir une nouvelle niche écologique : la niche humaine avec ses pressions de sélection spécifiques. Cela a favorisé leur succès reproducteur et leur développement. Sous cette conception, la domestication devient alors un processus qui n’est pas totalement unilatéral comme le texte le sous-entend peut-être de façon réductrice. La dernière phrase parle de « relation de confiance entre éleveur et animaux », nécessaire à la bientraitance. J’y souscris car elle positionne l’animal comme un partenaire de la relation. Si l’animal refuse la présence de l’homme comme certains bovins peuvent le faire, alors l’homme et l’animal ne peuvent pas cohabiter. J’y souscris aussi car « avoir confiance » signifie que les interactions deviennent prévisibles et positives pour chacun des deux partenaires de la relation et qu’on attribue de fait des états mentaux aux animaux. Chacun avec ses caractéristiques propres a une représentation fonctionnelle de l’autre partenaire. Pourtant les auteurs sont très surpris par l’utilisation du terme « attente » et « positif » dans la définition de l’ANSES. Cette apparente contradiction entre le début du texte qui critique la notion d’attente et la fin de leurs propos m’interroge.

Pour aller plus loin, un lecteur intéressé peut retrouver ces idées dans un chapitre d’un ouvrage que j’ai écrit (chapitre 15) et qui vient de sortir : Animal Welfare in a changing world. Edité par E. Butterworth. CAB International 2018.

Soyez assurés, Monsieur le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les académiciens, de toute ma considération.

Xavier Boivin, Docteur en éthologie URMH, INRA Chargé de recherche à l’INRA Responsable de l’équipe Comportement animal, Robustesse et approche intégrée du Bien-Etre

Réaction au "Points de vue d'Académiciens" intitulé : "Bien-être animal : attention aux malentendus ! https://www.academie-agriculture.fr/publications/publications-academie/points-de-vue/bien-etre-animal-attention-aux-malentendus

Jean-Luc Guichet, Maître de conférences en philosophie habilité à diriger des recherches, Université de Picardie Jules Verne

Monsieur le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les Académiciens,

L’avis du Groupe ANSES de travail BEA – à laquelle j’ai personnellement contribué - a suscité une réaction d’inquiétude de la part de nombre de membres de l’Académie d’Agriculture. Dans le souci d’y répondre, il me semble possible d’avancer quelques éléments qui, bien entendu, n’engagent aucunement ni l’ANSES ni même les autres membres du groupe.

Pour aller droit à ce m’apparaît être philosophiquement le coeur du propos des Académiciens, à savoir la différence entre les humains et les animaux, je dois dire que je comprends fort bien cette inquiétude et que même, d’une certaine manière, je la partage moi-même. Personnellement, je ne pense pas en effet que l’on puisse plonger l’ensemble des espèces vivantes dans une sorte d’équivalence généralisée. Il me semble au contraire que le travail central et précieux de la pensée est d’abord de différencier. Cependant, il faut relever que différencier ne signifie pas séparer et que cela n’empêche nullement les continuités. Que l’on puisse parler de différence entre l’homme et les autres espèces vivantes m’apparaît donc tout à fait clair, quand bien même cependant la nature et l’importance de cette différence elle-même sont fort loin d’être évidentes à fixer. Une grande partie de mes travaux personnels de recherche a d’ailleurs tourné autour de cette question depuis de nombreuses années.

En quoi cependant cette différence serait-elle remise en question voire menacée par l’avis du groupe bien-être animal de l’ANSES ?

L’argumentation du texte des académiciens pointe dans cet avis deux angles sous lesquels cette différence serait fondamentalement remise en cause : l’acceptation d’une « conscience animale », d’une part, et le vocabulaire anthropomorphique utilisé, d’autre part. Je me permets de passer sur l’idée d’une « conscience morale » chez les animaux qui est imputée au texte de la part des académiciens (dans leur 4e et dernière partie intitulée « Des interrogations pour l’avenir de l’élevage ») alors que cette expression n’y a jamais été employée. L’accès à des valeurs morales posées comme principes de la volonté et de l’action semblerait en effet pour le coup hautement anthropomorphique et manifester une incompréhension de la véritable idée de morale. Pour ce qui est d’abord de l’affirmation d’une « conscience animale », il ne s’agit pas d’aligner les autres espèces vivantes sur celle des humains mais seulement de faire état de manifestations témoignant d’un vécu subjectif, d’une expérience phénoménale et individualisée du monde, manifestations observables dans le comportement de nombreuses espèces animales. Cette expérience n’est pas pour autant identique à la conscience de soi humaine. Celle-ci met en oeuvre des capacités, sans commune mesure avec celles observées chez les animaux, de saisie réflexive de soi, de conceptualisation et d’abstraction, et de définition précisément de valeurs morales irréductibles à des déterminants biologiques. Cette dimension subjective est certes indémontrable en elle-même puisque, comme le soulignait déjà Descartes, nous ne pouvons « entrer » dans l’intériorité psychique d’un animal s’il en est une, comme c’est d’ailleurs, selon lui, également le cas pour les autres sujets humains avec lequel nous ne pouvons jamais communiquer que par des signes. L’expression de cette dimension de subjectivité s’est cependant révélée au fil des avancées de la recherche, en particulier en éthologie, en sciences cognitives et en sciences neuronales, de plus et plus manifeste et reconnue par la communauté scientifique. Il ne s’agit pas par là non plus de mettre en équivalence cette dimension d’expérience psychique chez toutes les espèces vivantes, ce qui serait encore revenir à une indifférenciation déjà dénoncée. Tirer argument de l’impossibilité d’une « preuve » et d’une mesure quantitative de cette dimension subjective qui, par essence, n’en est pas susceptible, afin de pouvoir au final tout bonnement la rejeter en sous-estimant ses diverses expressions ne semble donc pas intellectuellement suffisamment rigoureux.

En second lieu, l’incrimination d’anthropomorphisme à l’égard du vocabulaire utilisé apparaît comme un faux procès, sauf à retomber dans les circonlocutions des behavioristes qui s’interdisaient tout vocable évocateur d’une quelconque intériorité et qui s’astreignaient artificiellement à tout formuler en termes de comportements observables. En effet, nous ne disposons pas en la matière d’une autre terminologie – du moins si on la veut compréhensible par tous - que celle offerte par le langage courant. User du terme de conscience pour les espèces animales considérées ne prête pas à équivoque si, comme nous l’avons constamment fait, nous prenons en même temps la précaution de préciser que ce n’est pas pour autant une conscience du type de celle que nous éprouvons en nousmêmes, mais d’un autre type, hypothétique, qui resterait à déterminer de façon plus précise. Il en est de même pour les termes d’« attente », « motivation », « préférence » etc. qui ont également fait l’objet de prudentes définitions.

Faire état des avancées de la recherche scientifique dans le domaine et en tirer les conclusions les plus rigoureuses, tel a ainsi été le seul principe ayant réglé ce travail. L’argument d’intention qui soupçonnerait un positionnement caché en faveur d’options « animalistes » ou autres est donc sans fondement. L’esprit de l’avis en effet n’est pas de se positionner métaphysiquement pour ou contre la différence entre les humains et les animaux qui n’est pas du ressort du groupe d’experts. Il semble en revanche que ne pas prendre la pleine mesure de ces avancées s’avère à terme tout au fait contre-productif et que seule une intégration de ces nouvelles moissons scientifiques peut donner suffisamment force et crédit à la réflexion sur ces questions.

L’avenir des éleveurs invoqué par ailleurs est un objet de préoccupation légitime et partagé mais dont le souci conduit précisément à intégrer ces évolutions qui ne sont pas seulement scientifiques et théoriques mais également sociétales et qu’une véritable politique d’accompagnement des éleveurs ne peut sous-estimer.

Je me permets d’espérer que ces rapides et peut-être insuffisants éclaircissements auront pu contribuer à répondre à l’inquiétude des Académiciens et à dissiper ce qu’ils ont eux-mêmes dans leur texte qualifié de « malentendu ». Je me tiens par ailleurs à leur disposition pour, s’ils le souhaitent, prolonger cet échange.

Avec l’assurance de mes sentiments les plus respectueux,

Jean-Luc Guichet Maître de conférences en philosophie habilité à diriger des recherches Université de Picardie Jules Verne

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David Lindsay, Emeritus Professor of Agriculture in Australia

Monsieur le Secrétaire perpétuel,

Mesdames et messieurs les académiciens,

J’ai lu avec un intérêt perplexe le point de vue de quatre membres de l’académie d’agriculture française sur la question du bien-être animal[1].

Un point central a retenu mon attention concernant le fait que pour analyser le bien-être des animaux le point vue considère comme une erreur de prendre des mots utilisés habituellement pour analyser la psychologie humaine. Il est écrit que cet emprunt contribue à « Considérer l’homme et les animaux sur un même plan notamment par un vocabulaire communément utilisé avec une signification particulière chez l’homme, construit un continuum animaux-homme dangereux pour l’exercice même du métier d’éleveur… ». « Son avis et sa perception manquent dans l’avis de l’ANSES, dont l’anthropomorphisme sous-jacent posera inévitablement problème aux éleveurs… ».

Je ne parlerais pas ici de la confusion entre des champs différents, tels que définis pas Bourdieu. Il y a ici à mon avis confusion entre le champ scientifique, et dans ce cas les sciences cognitives, et le champ économique.

Le point de vue semble également basé sur des sous-entendus et sur des procès d’intention non explicités qui ne seront pas repris ici plus avant.

Mon interrogation porte sur le fait que le point de vue pose de façon centrale l’absence de légitimité de l’origine des hypothèses qui sont mises à l’épreuve.

Depuis plusieurs années, je donne des cours sur la rédaction scientifique auprès de scientifiques ou de futurs scientifiques dans différentes parties du monde. J’ai d’ailleurs explicité mes principaux messages dans un ouvrage, traduit en français[2].

L’hypothèse est un principe central de l’expérimentation scientifique. Elle est une attente du résultat d’une expérience basée sur toutes les informations connus et acceptables disponibles avant que l’expérimentation soit mise en œuvre. La valeur de l’hypothèse de la méthode scientifique est qu’elle assure de mettre en œuvre des expérimentations basées sur celles qui ont précédées plutôt que de répéter les mêmes travaux afin de générer de nouveaux résultats. Sa valeur n’est pas modifiée par les données dont elle est issue. Si les données disponibles dans la littérature sont abondantes et scientifiquement valides les résultats acquis en testant l’hypothèse renforcent les connaissances. Alternativement, si les connaissances préexistantes sont rares ou faibles la validation de l’hypothèse constitue la conclusion de ce qui peut être attendu et une expérimentation solide pour la tester permet d’obtenir une connaissance nouvelle et plus acceptable que ce qui existait avant cette expérimentation. Les éléments pertinents concernant l’hypothèse est donc qu’elle soit testable et basé sur les expériences acquises sans poser de condition sur sa validité en dehors de la référence à l’acquis. L’origine de l’hypothèse n’est pas l’élément pertinent. A. Damasio a d’ailleurs écrit un livre intitulé « l’erreur de Descartes »[3] où il met en avant le caractère souvent intuitif et émotionnel qui conduit le scientifique à formuler une hypothèse.

Il me semble donc, contrairement à ce qui est avancé dans le point de vue en question, que des hypothèses issues de résultats acquis sur les humains sont légitimes.

Je me tiens à votre disposition pour toute demande éventuelle d’éclaircissement.

Cordialement, David Lindsay Emeritus Professor of Agriculture Honorary Senior Research Fellow The University of Western Australia

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Michel Hamoir, agriculteur-multiplicateur de semences de maïs dans la Vienne

Il existe deux catégories d’interdictions et de sanctions :

- Une interdiction de base figurant à l’ article L424-10 du code l’environnement, dont les infractions sont sanctionnées par le 7° de l’article R428-11 : " Est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 5e classe le fait de : .... 7° Détruire, enlever ou endommager intentionnellement les nids et les oeufs des oiseaux dont la chasse est autorisée, ramasser leurs oeufs dans la nature et les détenir sous réserve des dispositions de l’alinéa 2 de l’article L. 424-10, ainsi que détruire, enlever, vendre, acheter et transporter les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée, sous réserve des dispositions relatives aux animaux nuisibles ;..." (Lien vers l’intégralité de l’article R428-11 du code de l’environnement. ).

- Une interdiction et des sanctions renforcées pour les espèces protégées ( Listées par arrêté ministériel ou visées dans les arrêtés d’APPB) : L’interdiction figure à l’article L411-1 du code de l’environnement : " I. - Lorsqu’un intérêt scientifique particulier ou que les nécessités de la préservation du patrimoine naturel justifient la conservation de sites d’intérêt géologique, d’habitats naturels, d’espèces animales non domestiques ou végétales non cultivées et de leurs habitats, sont interdits : 1° La destruction ou l’enlèvement des oeufs ou des nids, la mutilation, la destruction, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle, la naturalisation d’animaux de ces espèces ou, qu’ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur détention, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ; 2° ......" Les infractions constituent des délits sanctionné par le L415-3 du code de l’environnement : "Est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende : 1° Le fait, en violation des interdictions ou des prescriptions prévues par les dispositions de l’article L. 411-1 et par les règlements ou les décisions individuelles pris en application de l’article L. 411-2 : .............. L’amende est doublée lorsque les infractions visées aux 1° et 2° sont commises dans le coeur d’un parc national ou dans une réserve naturelle". (Lien vers l’intégralité de l’article L415-3 du code de l’environnement. ).

Les chasseurs ont pris le règlement à la lettre et de ce fait n’on plus réguler les corbeaux comme autre fois dans les nids.

N’ayant pas eu connaissance de ces articles, tout au long de l’année les corbeaux font le tour des buissons et attrapent œufs et petit gibier. A certains endroits les populations posent problème à l’agriculture.

Cette réflexion n’engage que moi mais pour notre secteur nous régulons les corbeaux à la sortie des nids Si besoin je pourrai vous commenter.

Bien cordialement

Michel Hamoir

Réaction à l'article "Les oiseaux des champs régressent ? Prenons garde aux mises en cause trop simplistes", signé Ch Lévêque in Mensuel de l'Académie, octobre 2018

Pierre Guy, agronome

Monsieur le Président,

L'analyse de Christian Lévêque* est intéressante le XIXème siècle fut un âge favorable à la biodiversité floristique et faunistique par les effets de lisières et la diversité liée à la polyculture-élevage.

Mais conclure à des fluctuations d'abondance plus qu'à une perte de biodiversité n'est pas fondé. La conférence scientifique internationale de janvier 2005 "Biodiversité: science et gouvernance" montre bien la baisse mondiale de biodiversité, en particulier dans les mers.

Les causes sont multiples.

Christian Lévêque en évoque plusieurs bien réelles. Les systèmes agricoles jouent un rôle certain (cf études du Cnrs de Chizé pour l'outarde).

Curieusement les pesticides les plus néfastes sont les desherbants: la destruction des adventices entraîne la disparition de l'entomofaune.

En France nous avions quasi éradiqué tous les grands prédateurs: ours, loup, lynx, vautour mais aussi bison, urus... à la différence de l'Espagne, l'Italie, l'Europe de l'Est.

Nous sommes le plus grand utilisateur européen de pesticides, un des plus grands mondiaux. Nicolas Sarkozy, puis François Hollande ont tenté d'en réduire l'usage avec Ecophyto 2018, 2 et 2 plus... C'est un échec de ce seul point de vue. L'usage en a augmenté, malgré les belles déclarations de beaucoup.

Accuser la seule agriculture est ridicule, l'exonérer de tout effet indésirable est maladroit pour le moins et risque de discréditer l'académie d'agriculture.

Pierre Guy agronome

* article "Les oiseaux des champs régressent ? Prenons garde aux mises en cause trop simplistes", Ch Lévêque in Mensuel de l'Académie d'octobre 2018

Stéphane Fautrat, agriculteur dans le Loiret

Bonjour,

J'ai déjà eu l'occasion de suivre avec beaucoup d'intérêt et de plaisir des interventions à l'académie.

Agriculteur dans le nord Loiret, administrateur de Agridées, (SAF), je porte actuellement un projet très innovant, transformant de notre exploitation agricole.

Peut-être qu'il y a un intérêt pour l'académie d'en prendre connaissance et pourquoi pas le présenter.

Si vous le souhaitez, je peux déjà vous en dire quelques mots  ?

Très cordialement

Stéphane FAUTRAT

Jean-Baptiste Moreau, député "paysan" de la Creuse

La loi agriculture et alimentation : une digue contre l’appauvrissement des filières agro-alimentaires

De juillet à décembre 2017, nous organisions les Etats Généraux de l’Agriculture et de l'alimentation (EGAlim), une démarche inédite. Pour la première fois nous avons mis l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire autour d’une même table pour construire ensemble la loi EGAlim qui est débattue cette semaine à l’Assemblée nationale : contributions de terrain, dialogue direct avec les producteurs, les associations, la grande distribution, les syndicats etc.

L’attente de chacun est immense aux vues des urgences qui occupent le monde agricole. Le revenu dérisoire des agriculteurs, les aléas climatiques (sécheresse, inondations) qui ruinent les récoltes, la précarité alimentaire, sont autant d’enjeux que nous avons saisis à bras le corps lors de ces derniers mois de travaux parlementaires. Je les connais pour être moi-même un paysan de métier, et un consommateur comme tous les Français.

Parce que l’urgence est bien présente, nous avons inscrit dans la loi des mesures fortes, concrètes, pour renverser les paradigmes et poser les jalons d’un nouveau monde agricole et alimentaire.

Ce que cette loi apporte, c’est un quotidien meilleur pour tous les acteurs de la chaîne alimentaire :

• Pour un agriculteur, un revenu digne. Le calcul du prix payé aux agriculteurs prendra en compte les coûts de production. Le contrat et le prix associé seront désormais proposés par celui qui vend, c’est une révolution pour rééquilibrer le rapport de force entre les producteurs et la filière. C’est grâce à cette mesure que nos paysans pourront véritablement valoriser leur travail face à la grande distribution.

• Pour une organisation de producteurs, un poids renforcé dans les négociations commerciales agricoles. La délégation à l’OP ou à l’AOP du mandat de facturation de leurs produits par des producteurs deviendra le droit commun. Unis, les producteurs seront plus forts pour peser dans les négociations.

• Pour la grande distribution, une responsabilité renforcée vis-à-vis de notre production locale. L’expérimentation du relèvement de 10% du seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions qui détruisent la valeur des produits agricoles et alimentaires aux yeux des consommateurs et dans la poche des producteurs. Il est temps de stopper la guerre des prix menée par les grandes enseignes !

• Pour nous consommateurs, une montée en gamme de notre alimentation.

L’obligation pour les cantines de proposer au moins 20% de produits issus de l’agriculture biologique parmi 50 % de produits sous signes officiels de qualité et locaux. La loi doit poser les bases d’un nouveau modèle alimentaire qui permette à tous de mieux manger.

Ce que je souhaite comme une agri-révolution, cela passera aussi par le renforcement des pouvoirs du médiateur des relations commerciales agricoles et de l’Autorité de la concurrence pour lutter contre les pratiques déloyales de la grande distribution et les alliances entre les centrales d’achat.

Cette loi posera des digues solides lors des prochaines négociations commerciales agricoles pour 2019. Les outils de transformation sont prêts. A chacun, de prendre ses responsabilités pour réussir notre transformation vers un modèle agricole et alimentaire plus juste et plus durable.

Lucas Delerry, étudiant AgroParisTech

Madame, Monsieur,

Je me permets de vous joindre car je suis certain que mon propos pourrait vous intéresser.

Je suis étudiant à AgroParisTech. Dès octobre prochain, je quitterai les bancs de l'établissement pour m'engager dans une année de césure afin de mener mon projet, GÙN. Je partirai pour 9 mois sur les routes de France à la rencontre de chefs travaillant des produits de leur propre potager et de producteurs français passionnants. Il s'agit de valoriser l'excellence de l'alimentation responsable en France. Jean-François Girardin, président de la Société des Meilleurs Ouvriers de France et lui-même MOF 1993 est le parrain engagé du projet.

Cette démarche me mènera à la rédaction d'un ouvrage, didactique, de sensibilisation à l'agriculture raisonnée et à l'alimentation réfléchie.

3 objectifs me guideront lors de mon périple :

- la valorisation du secteur agricole français, trop souvent considéré comme archaïque, alors qu'il s'agit d'un secteur plein d'innovations ;

- la réintroduction des valeurs humaine et culturelle que dissimulent chaque aliment par la mise à vue de tous du travail et de l'attention qu'ils requièrent ;

- la sensibilisation en ce qui concerne une alimentation responsable favorable à l'environnement mais également, à nous, citoyens.

Les chefs Christophe Moret (L'Abeille**), François Pasteau (L'Épi Dupin), Hervé Bourdon (Le Petit Hotel du Grand Large*), Éric Verger (Le Cordon Bleu Paris), Chloé Charles (ex L'Épi Dupin, Septime* et L'Astrance***), Christophe Hay (La Maison d'À Côté*) et Maxime Bonnabry-Duval (Le Refettorio Paris) me soutiennent déjà ainsi que le sommelier Guillaume Muller (Garance*) et certains professeurs à AgroParisTech. Deux journalistes de Air France Madame et Le Fooding se sont montrés intéressés et m'ont beaucoup aidé. SlowFood et Culinaries sont devenus les mentors de GÙN grâce à de beaux partenariats. Terroirs d'Avenir s'est aussi inscrit dans le projet ainsi que Label Ferme. Dernièrement, ce sont Maxime de Rostolan et Fermes d'Avenir qui ont montré leur intérêt !

Je vous invite à visiter mon blog.

C'est alors que je sollicite vos compétences. J'adorerais pouvoir exposer à toute la communauté de GÙN le soutien, a minima, moral de l'Académie d'Agriculture de France. Apparaitre sur votre site internet ou bien sur votre page Facebook serait aussi un appui considérable qui, à coup sûr, donnerait à GÙN une nouvelle envergure. Pensez-vous que cela soit envisageable ?

Dans l'attente de recevoir un retour de votre part, Je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur, mes sincères salutations.

Lucas Delerry pour GÙN

Facebook / Instagram : @gun.cuisine

Pour en savoir plus sur GÙN, télécharger le fichier PDF, ci-dessous :

Xavier Vamparys, directeur juridique

Je me permets de vous contacter dans le cadre de vos travaux au sein de l’Académie d’agriculture.

En qualité de directeur juridique corporate de la société CNP Assurances, je m’intéresse aux apports de la technologie blockchain, souvent présentée comme plus transformante encore pour l’économie qu’internet (v. par exemple, rapport Medef : http://www.medef.com/uploads/media/node/0001/01/48b136b3599d069df1beeeb2fc25dd0e6255f411.pdf ).

Je viens de consacrer un ouvrage à la cette technologie (La blockchain au service de la finance - cadre juridique et applications pratiques, aux éditions Banque) qui sera en librairie début octobre. Je suis convaincu qu’elle affectera nombre de secteurs d’activités et en particulier l’agriculture. On peut notamment penser aux applications de la blockchain en matière de traçabilité des produits, de financement des activités agricoles, d’assurance intempéries ou de « smart farms ». Des sociétés de l’ « agtech » proposent déjà des services dans ce domaine.

Je me demandais donc si des réflexions avaient été engagées à ce sujet au sein de l’Académie d’agriculture.

Si c’était le cas je serais heureux de m’y associer, tout à fait bénévolement bien sûr, ma démarche étant purement intellectuelle.

Merci.

Bien cordialement.

Xavier Vamparys

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