« L'Académie doit contribuer au développement de la société » Guy Paillotin, Secrétaire perpétuel de l'AAF, ancien Président de l'INRA et du Conseil d’administration de l’INA/PG est également l'auteur du rapport sur l'agriculture raisonnée à la demande du Ministre de l'Agriculture. Il exerce par ailleurs de nombreuses responsabilités notamment au Comité d'éthique et de précaution de l'Inra et comme Président du conseil d'administration de l'AFSSET. Question: Où en est-on de la réflexion de l'Académie sur "Agriculture et développement durable"? Réponse: Notre Académie doit intervenir sur les grands sujets de société. l'un d'entre eux est la durabilité du développement. L'agriculture est directement concernée par les négociations commerciales internationales, les OGM, la grippe aviaire, la vache folle et toutes les interrogations quotidiennes de la population, mais curieusement, elle n'arrive pas à être au centre des débats de société. L'AAF doit pouvoir dire le vrai sur toutes ces problématiques, ce que nous essayons de faire. En matière de développement durable, nous avons d'abord essayé de comprendre de quoi il s'agissait et j'estime que nous ne sommes pas en retard sur cette réflexion afin d'aider à y voir clair dans ses trois dimensions, économique, environnementale et sociétale; Il nous reste à réaliser une synthèse qui permette à d'autres acteurs de la société et au monde politique de réfléchir, voire de se l'approprier. le processus a été lancé avec la participation des dix sections et un texte va être formalisé d'ici à la fin de 2006. le grand avantage de notre Académie, c'est que nous pouvons aborder le développement durable sous tous les angles et qu'il n'y a guère d' autres endroits où l'on peut balayer aussi large de la biodiversité jusqu'à la biomasse, en passant par le souci d’équité face à la pauvreté. Q: Pourquoi avoir choisi de consacrer une partie des travaux en 2006/2007 sur le thème "Aliment" ? R: La vraie question est comment nous pouvons être utile à la société, l'éclairer sans être péremptoire et doctrinaire, donner la possibilité à l'individu de rêver et de se prendre en charge. la recherche, par essence, n'est pas triste. Il nous faut sortir des psychoses alimentaires autour de la vache folle, des pollutions diverses et autres maladies. Ce qui préoccupe l'homme de la rue, ce qui le touche directement, c'est l'alimentation et la santé. c'est le point central de la vie de tous les jours des consommateurs et de citoyens. Nous nous devons d'investir cet univers en disant des choses vraies, de manière simple, conviviale et intelligible. La société mesure en effet l'efficacité et la pertinence de l'agriculture dans ce qu'elle apporte quotidiennement dans l'assiette. c'est en partant de l'assiette et de la nourriture que l'on arrivera à convaincre le consommateur de s'intéresser de nouveau à l'agriculture et aux sciences du vivant. Sous forme de boutade, peut être faudrait-il modifier la signature de l'AAF en inversant les mots clé en "Alimentation, Environnement, Agriculture". Q: Quelle est votre ambition pour l'Académie? R: Tous les jours sur les radios, les télévisions, dans les journaux la majorité des informations tournent autour des questions d'environnement, d'alimentation et d'agriculture, le tout dans une confusion extrême, avec un manque total de vision à moyen terme. A l'Académie, nous avons beaucoup de personnes de bon sens, désintéressées, qui connaissent plein de choses. Nous devons mobiliser nos connaissances et notre intelligence pour aider au développement de la société et nous inscrire dans une société de communication. Cela n'exclut pas d'aborder des sujets plus fondamentaux tenant à l'agronomie ou à l'écologie, en relation avec d'autres Académies afin de stimuler la réflexion de nos membres et permettre aux chercheurs de dire ce qu'ils pensent.