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Du végétal à l'animal : données nouvelles sur la régulation adaptative des génomes : pourquoi l'élevage est-il concerné par l'épigénétique ?

16/11/2010 à 9H00
Animateur(s) :

Présidence : Bernard SAUGIER, Président de l’Académie d’Agriculture de France

Ce colloque vise à faire le point sur le puissant mouvement des connaissances qui bouleverse notre compréhension de l’hérédité et par là les modalités de sélection du vivant domestiqué. Ce mouvement d’où émerge une nouvelle discipline- l’épigénétique - conduit à prendre en compte le développement biologique de chaque organisme depuis sa conception jusqu'à l'âge adulte (son ontogénèse) pour en évaluer ses déterminants et en tirer parti en élevage et en agronomie.

La somme sans cesse croissante d’informations disponibles sur les séquences d’ADN des animaux d’élevage et sur leurs différences individuelles est maintenant utilisée pour choisir les meilleurs reproducteurs en associant directement des marqueurs génétiques à leurs caractéristiques morphologiques, physiologiques et de performances, c’est à dire à leur phénotype. La description toujours plus fine des phénotypes, la mesure des variations des caractères en fonction de modifications de l’environnement climatique, nutritionnel et sanitaire sont autant d’éléments qui viennent dessiner les contours de nouvelles méthodes de choix des animaux les mieux adaptés à l’évolution rapide des conditions d’élevage. Dans le même temps les avancées de la recherche en matière de séquençage à haut débit de l’ADN conduisent à modifier l’organisation de la sélection et poussent à intégrer les connaissances nouvelles sur les mécanismes de fonctionnement du génome dont celles relatives à l’épigénétique.

L’épigénétique concerne les modifications moléculaires qui affectent l'information héréditaire, sans toucher au code génétique. Ces modifications sont autant d’empreintes apposées sur le génome, empreintes transmissibles au cours des divisions cellulaires mais qui peuvent tout autant s’effacer qu’être héritables sur plusieurs générations (« hérédité molle ») comme le montrent les travaux conduits chez les plantes et qui commencent à être documentés chez les mammifères. Elles permettent aux cellules de garder leurs caractéristiques ou bien de se différencier et gouvernent les interactions entre le génome et son environnement, donc entre le génotype et le phénotype. Accessibles depuis peu aux technologies d’analyses moléculaires à haut débit, les modifications épigénétiques pourraient devenir de nouvelles co-variables importantes en sélection.

En faisant le point sur le renouvellement qui s’opère dans notre compréhension de l’origine de la variabilité individuelle des caractères d’élevage, ce colloque montrera comment et pourquoi l’évolution du front des connaissances en génétique, en épigénétique et en physiologie conduira à proposer des mesures moléculaires fines de l’adaptation d’un animal à son environnement et de la modulation de cette adaptation au cours de sa vie. Il évoquera également l’enjeu économique pour la sélection animale de l’organisation au niveau mondial du recueil des données sur les phénotypes animaux et de l’accès à des informations qui deviendront essentielles pour le devenir des espèces animales domestiquées.

Introduction
Exposé(s)
Connaitre et utiliser les génomes des animaux d’élevage : une co-construction aujourd’hui à redéfinir
Jean-Paul RENARD
Comment sont utilisées les informations génomiques dans la gestion des populations animales
Jean-Michel Elsen , INRA
L’épigénétique: une pierre dans le jardin des questionnements sur le génome ?
Hélène Jammes , INRA
Régulations génétiques des processus épigénétiques d’adaptation des plantes à leur environnement et conséquences en sélection
Hervé Vaucheret , INRA
L’épigénétique en sélection animale : si oui, comment ?
Frédéric Hospital , INRA
La modulation des phénotypes animaux à portée de la science ? Quels outils pour tirer bénéfice de l’ontologie des caractères phénotypiques en production animale terrestre et aquatique
Pierre Yves Lebail , INRA
La régulation adaptative des génomes et l’évolution du concept de gène
Jean Deutsch , Université Paris VI