Sylviculture (forêts tempérées et tropicales humides), économie du bois industrie (pâte à papier, scieries)
Directeur général honoraire de l'ONF
A la mémoire de Georges TOUZET,
décédé le 31 janvier 2016, par Roger LAFOUGE
Georges Touzet, membre émérite de la section "Forêts et filière bois" dont il fut le secrétaire de 2004 à 2007, s’est éteint à Brest le 31 janvier dernier dans sa 86ème année. Il fut président de notre Compagnie en 2008. Il avait été élu membre correspondant en 1982, et membre titulaire en 1997. Ingénieur Général Honoraire du Génie Rural, des Eaux et des Forêts, il était aussi Directeur Général Honoraire de l’Office National des Forêts.
Né en 1930 à Paris de parents originaires de la région de Chatillon sur Seine, en Bourgogne, après d'excellentes études secondaires, il entre à l’Institut National Agronomique en 1950, puis à l’École Nationale des Eaux et Forêts en 1952 ("126ème promotion"), et effectue son service militaire en Algérie comme sous-lieutenant du Génie où sa brillante conduite au feu lui vaut d’être décoré de la Croix de la valeur militaire.
Ayant choisi de servir dans le Corps des Eaux et Forêts d’Outre-Mer, Georges Touzet est affecté en 1958 au Gabon, à la Section Technique Forestière de l’Okoumé du Ministère des forêts, où pendant deux années il se consacre prioritairement à la prospection et à la sylviculture des peuplements riches en cette espèce très importante pour l’économie du pays.
Rentré en France, il va prendre des responsabilités croissantes dans les divers secteurs de la filière forêt – bois. Tout d’abord, en participant à la constitution de l’Association Forêt Cellulose (AFOCEL), organe privé de recherche-développement financé par l’industries papetière, puis en la dirigeant pendant 25 ans dès sa création en 1962. Sous son impulsion, cet organisme va contribuer activement à augmenter la productivité des forêts par des progrès en matière de génétique, de traitement des peuplements et de techniques de reboisement. De l’ordre de 1.500 dispositifs expérimentaux seront installés pendant cette période. Il promeut et stimule des études sur la nutrition minérale et la culture in vitro qui connaîtront d’intéressants développements. Il inclut dans son domaine d’activité l’amélioration des techniques de récolte des produits forestiers en présidant l’Association pour la Rationalisation et la Mécanisation de l’Exploitation Forestière (ARMEF) qui développe le machinisme forestier, contribue à la mécanisation de l’exploitation forestière et à la formation des bûcherons et des exploitants. Sous son impulsion, AFOCEL et ARMEF développent une remarquable activité de vulgarisation. Durant ces 25 années, il exerce en outre le rôle d’ingénieur-conseil à la Fédération des pâtes à papier. Il fait preuve d’une activité intellectuelle féconde, publiant de nombreux articles dans des revues françaises et étrangères, et intervenant dans de multiples congrès et symposiums. Enfin, soucieux de faire passer le fruit de ses travaux aux futurs cadres forestiers, il assure entre 1969 et 1977 le cours de reboisement à la section de techniciens forestiers rattachée à l’Ecole des Ingénieurs des Travaux des Eaux et Forêts.
En novembre 1987, il est nommé Directeur Général de l’Office National des Forêts (ONF) poste qu’il va assumer jusqu’à sa retraite en septembre 1994. Durant ce "septennat", sous sa conduite et son autorité sans faille exercées en étroite relation avec le président du Conseil d’Administration, l’Établissement va connaître de profonds changements : il est doté de moyens modernes de gestion qui, mis au service d’une stratégie claire, vont lui donner une impulsion nouvelle ; ses activités classiques vont être développées, les techniques sylvicoles, les méthodes d’aménagement forestier et les modes de commercialisation des produits vont être rénovés; l’ONF va se voir reconnaître la possibilité d’entreprendre de nouvelles actions de mise en valeur, de gestion et de conservation des milieux naturels ; et, enfin, ses services vont pouvoir exercer des missions de coopération internationale. C’est donc un Établissement rénové, aux missions élargies, animé d’un nouveau dynamisme que quitte Georges Touzet.
Une fois à la retraite, il consacre davantage de temps à ses activités personnelles, notamment artistiques de sculpteur, mais n’en continue pas moins à participer à des groupes de travail de prospective forestière, et à mettre son expertise et ses qualités au service de l’Académie où il œuvre activement. Ses dernières années sont assombries par le décès de son épouse fin 2008, puis par une thrombose sévère et des problèmes cardiaques qui le tiendront de plus en plus éloigné de l’Académie.
Homme à la très vaste culture, doué d’une remarquable capacité de réflexion et de synthèse, mais aussi homme de terrain et d’action, et chef d’entreprise, Georges Touzet compte indubitablement parmi les forestiers les plus remarquables de sa génération. Son œuvre considérable lui valut d’être promu Chevalier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Chevalier des Palmes Académiques, et Commandeur du Mérite Agricole. Il était en outre Docteur honoris causa de l’Université de Louvain et Membre d’honneur de la Societatea "Progressul Silvic" de Roumanie.