D’après le CITEPA (2012) l’agriculture française contribue pour 17,8% des émissions (20 % si on tient compte de la consommation énergétique mais sans compter le changement d'usage des terres), soit 105 Mt CO2e sur les 528 Mt CO2e pour l’ensemble de l’activité française. Dans ces 105 Mt CO2e, 50 % sont dus aux émissions de protoxyde d'azote (N2O), produit lors des réactions de nitrification et de dénitrification, et 40 % sont liés au méthane (CH4) produit lors de fermentations en conditions anaérobies donc à la production animale (fermentation entérique et gestion des déjections animales) et seulement 10 % est dû au CO2. Cette particularité de l’agriculture est due au fort pouvoir de réchauffement global du N2O (298 fois celui du CO2) et du CH4 (25 fois celui du CO2).
Compte tenu de l’importance de l’enjeu « réduction des GES pour atteindre la neutralité carbone en 2050 en France » tous secteurs confondus (soit une baisse attendue de 83 % des émissions de GES entre 2015 et 2050), il est clair que l’agriculture devra participer à ces efforts de réduction. Le Projet Stratégique Bas Carbone (version 2018) prévoit pour l’agriculture une baisse de 20% (par rapport à 2015) d’ici 2030 et de 46% d’ici 2050.
Mais le caractère diffus et la nature complexe des processus à l'origine de ces émissions font que l’estimation des émissions est assortie d’incertitudes fortes, et les possibilités d'atténuation restent incertaines. Cependant un rapport réalisé par l’INRA pour le compte de l’ADEME, du MAAF et du MEDDE en Juillet 2013 « Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ? » propose 10 actions techniques permettant, sinon d’atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement, du moins de réduire de manière significative les émissions de GES dues à l’agriculture, et permet ainsi de quantifier les effets attendus de ces 10 mesures phares, et les conditions de réussite de l’atteinte de leurs objectifs.
Plusieurs essais systèmes se sont, depuis une dizaine d’années, attachés à concevoir et évaluer expérimentalement les possibilités de réduction, dans la réalité. Ils permettent ainsi de compléter les estimations théoriques réalisées dans l’étude de 2013.
L’académie d’agriculture a déjà consacré le 6 novembre 2019 une séance sur le cycle du carbone dans les écosystèmes terrestres. Une autre séance le 29 janvier sera consacrée à la forêt « Le secteur "forêt-bois" peut-il faire mieux pour le climat ?».
On se concentrera, lors de cette séance, sur 2 secteurs de productions : les grandes cultures et l’élevage. Logiquement de nombreuses sections de l’Académie sont impliqués : 1 ; 3 ; 5 ; 10
La séance proposée va se concentrer sur l’agriculture et l’élevage. Nous ne pourront pas en 2 ou 3 heures aborder l’ensemble de ce vaste sujet. Un débat en fin de présentation pourrait dégager des pistes de travail pour l’académie (création d’un groupe de travail ?).