L’antibiorésistance : enjeu majeur dans la lutte contre les maladies bactériennes
L’antibiorésistance est un enjeu majeur dans la lutte contre les maladies bactériennes. Concernant à la fois la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale, son étude s’inscrit parfaitement dans le concept « une seule santé » qui s’est développé ces dernières années.
L’émergence des résistances est un phénomène naturel qui a débuté dès le recours aux premiers antibiotiques. Les bactéries disposent de facultés d’adaptation très efficaces qui nécessitent à la fois la mise au point de nouvelles molécules et une grande rigueur dans le choix et l’application des traitements.
Les traitements de longue durée conduisent à l’émergence de bactéries multirésistantes contre lesquelles il devient difficile de lutter. Aussi, il est indispensable de réfléchir à un usage prudent permettant d’épargner les molécules disponibles.
Des plans d’action efficaces
Conscients de l’importance du sujet, les politiques ont mobilisé des moyens qui se sont avérés efficaces pour les animaux d’élevage : les plans Ecoantibio successifs, entre 2012 et 2022, ont permis une réduction de l’exposition de l’ordre de 50 % à tous antibiotiques confondus, et d’environ 90 % aux antibiotiques dits « d’importance critique » pour l’Homme (colistine, céphalosporines de dernières générations, fluoroquinolones). Mais la situation n’est pas aussi favorable pour les animaux de compagnie et la médecine humaine.
Des moyens de contrôle émergent actuellement. Citons en priorité le suivi de l’évolution de la résistance, l’amélioration des moyens de diagnostic pour éviter tout acharnement thérapeutique avec un antibiotique inadapté, l’adaptation des posologies et des schémas thérapeutiques, et la recherche des alternatives. La piste actuelle la plus intéressante est le recours à la vaccination qui a fait ses preuves aussi bien chez l’Homme que chez l’Animal. D’autres pistes sont activement étudiées sans oublier la nécessité d’appliquer des mesures de biosécurité et de désinfection rigoureuses.
Un groupe de veille hepta-académique
Du fait de la menace que représente l’antibiorésistance, les sept Académies concernées (médecine, pharmacie, vétérinaire, agriculture, chirurgie dentaire, chirurgie et sciences) ont créé un groupe de veille qui organise un colloque tous les deux ans.
Les thèmes sont centrés sur différents aspects de ce sujet très large:
- état de la résistance bactérienne dans les différents compartiments (humain, animal, environnemental),
- compréhension des mécanismes de résistance, des modalités de transmission et de diffusion via des éléments génétiques impliqués,
- évaluation des mesures appliquées dans les différents secteurs concernés, en particulier pour trouver pourquoi les résultats chez les animaux d’élevage ont été rapides et spectaculaires, mais le sont beaucoup moins en santé humaine, en particulier à l’hôpital et chez les animaux de sport et de loisir,
- impact des traitements sur les microbiotes avec leurs conséquences sur l’immunité et la santé du nouveau-né,
- inventaire des alternatives disponibles et à développer.
Un prochain colloque aura lieu le 12 juin 2024, intitulé «L’antibiorésistance, l’affaire de tous, de la recherche à la pratique», au cours duquel des avancées de la recherche fondamentale seront présentées avec leur impact potentiel sur les pratiques médicales. Une table ronde sur la nécessité de sensibiliser les étudiants dès le début de leur cursus clôturera ces présentations.
Arlette Laval, membre de l’Académie d’agriculture de France et de l’Académie nationale de pharmacie
Pour participer à ce colloque : L’antibiorésistance, l’affaire de tous ! De la recherche aux pratiques