La gestion durable des forêts : prévenir les risques, rendre de multiples services
La gestion durable des forêts est héritière d’un long passé mais a été relancée sous sa forme actuelle dans le sillage du développement durable popularisé par le rapport de Gro Harlem Brundtland sur « notre futur commun » (1987).
Définie brièvement, elle vise d’une part à prévenir les risques et, d’autre part, à rendre les services susceptibles d’être demandés par les générations actuelles et futures.
À la charnière entre 2023 et 2024, deux séances publiques de l’Académie d’agriculture de France illustrent respectivement ces deux axes : celle du 15 novembre 2023 concerne les stratégies d’action face au risque accru de feux de forêts ; celle du 31 janvier 2024 porte sur le rôle de la construction bois en faveur de la bioéconomie.
Un risque accru de feux de forêts
En France, au cours des dernières décennies, les surfaces incendiées ont montré une nette sensibilité aux années de forte sécheresse. Cependant, depuis une quinzaine d’années, elles ont semblé se stabiliser en moyenne à un niveau raisonnable, preuve que les actions de prévention et de lutte ont fonctionné dans un contexte marqué par des contraintes climatiques avérées. Aujourd’hui, le changement climatique se renforce et laisse présager de crises de plus en plus intenses, propices aux incendies, dans le sud-est, le sud-ouest, mais aussi d’autres régions peu concernées jusque-là. L’année 2022 marque peut-être un tournant dans cette évolution. Un retour d’expérience sur les dommages qu’elle a occasionnés dans le massif forestier landais est utile pour aider à préciser les stratégies de prévention, lutte et reconstitution à mettre en place pour faire face désormais à ce risque accru.
Les Jeux de Paris 2024 : vitrine internationale des évolutions de la construction avec du bois en France
La fourniture de bois est un service écosystémique majeur de la forêt. Elle représente une ressource renouvelable et recyclable dont la transformation, sobre en énergie, procure un matériau de bonne résistance à masse donnée. Elle est donc un moyen privilégié pour mettre en œuvre la transition écologique, économique et sociale qui constitue le défi des prochaines décennies. Ces caractéristiques coïncident parfaitement avec l’ambition de faire des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 le champion, parmi les jeux modernes, des faibles émissions de carbone. France Bois 2024, présidé par un membre de l’Académie d’agriculture de France, est ainsi l’un des deux projets du dernier Contrat stratégique de la filière-bois. Il a été mis en place pour réaliser des bâtiments et équipements exemplaires avec du bois, notamment français.
Les interactions entre risques et opportunités
Les deux sujets qui viennent d’être succinctement présentés ne sont pas indépendants. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement puisque la gestion durable des forêts ne se conçoit que dans le cadre d’un système fondé sur des objectifs et contraintes multiples ? Or l’utilisation durable du bois réduit fortement les émissions de carbone par rapport à la plupart de matériaux concurrents. Elle participe en outre à la régulation de la ressource et de sa masse combustible tout en contribuant de manière décisive à l’entretien, à la santé, à la vitalité et à l’adaptation des forêts, ainsi qu’à la richesse et à la souveraineté nationale.
Jean-Luc Peyron, Georges-Henri Florentin et Yves Lesgourgues, membres de l’Académie d’agriculture de France
Pour revoir la séance du 15 novembre 2023 : Face au risque accru de feux de forêts : quelles stratégies pour prévenir, lutter et reconstituer des territoires plus résilients après sinistre ?
Pour voir la future séance du 31 janvier 2024 : Les Jeux de Paris 2024 : démontrer les progrès de la construction bois en France