Le Brexit et ses conséquences pour l’agroalimentaire : une vigilance est nécessaire
Le Royaume-Uni représentait un important débouché pour les produits agricoles et alimentaires français avant sa sortie de l’Union européenne.
C’est pourquoi l’Académie d’agriculture de France a consacré sa séance du 5 mai 2021 aux conséquences du Brexit pour le secteur agroalimentaire.
Son introduction m’a permis de rappeler que les échanges entre l’Union européenne et le Royaume-Uni s’effectuent désormais dans le cadre de l’accord de commerce et de coopération du 24 décembre 2020. Celui-ci les exonère de droits de douane et de contingents, mais rétablit des contrôles douaniers, sanitaires et phytosanitaires pour garantir que les produits importés dans le marché européen respectent les normes européennes, les règles d’origine et les conditions d’une concurrence loyale et équitable.
Avant de traiter des perspectives des échanges agroalimentaires du Royaume-Uni, Janet DWYER, de nationalité anglaise, membre associée de l’Académie, a présenté les orientations très environnementalistes de la nouvelle politique agricole anglaise, qui prévoit de remplacer progressivement les aides directes aux agriculteurs par des paiements pour services environnementaux. Elle a ensuite montré que la production laitière anglaise devrait se développer et réduire les importations de produits laitiers en provenance de l’Union européenne.
Quant aux accords de libre-échange que le Royaume-Uni entend multiplier avec des pays tiers, ils risquent surtout de fragiliser l’agriculture irlandaise, dont Carmel CAHILL, de nationalité irlandaise, également membre associée de l’Académie, a mentionné la forte dépendance du marché anglais. Pour l’Irlande, c’est sa production de viande bovine qui risque d’être la plus pénalisée.
S’agissant de la France, qui affichait un excédent de son commerce agroalimentaire avec le Royaume-Uni en moyenne de 3 milliards d’euros ces dernières années, il ressort de la présentation de Thierry POUCH, membre de l’Académie, que les exportations françaises vers ce pays ont fléchi au cours des premiers mois de 2021. Cependant, il est trop tôt pour en dégager des tendances pour la suite, d’autant que les échanges avec le Royaume-Uni ont été également perturbés par la pandémie de la Covid-19.
Il n’en reste pas moins nécessaire de rester vigilant sur la mise en œuvre de cet accord de commerce et de coopération. Pourquoi ?
- d’une part, le Royaume-Uni ne semble pas très pressé d’appliquer les contrôles aux frontières, en particulier entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne ;
- d’autre part, certaines dispositions de l’accord ne sont pas suffisamment claires pour éviter des contentieux, comme l’a souligné en conclusion Gérard VIATTE, de nationalité suisse, membre associé de l’Académie.
Bernard Bourget, membre de l’Académie d’agriculture de France
> Revoir la séance sur le Brexit
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Brexit and its consequences for the agri-food industry : vigilance is necessary
The United Kingdom was an important market for French agricultural and food products before it left the European Union.
This is why the French Academy of Agriculture devoted its session of 5 May 2021 to the consequences of Brexit for the agri-food sector.
Its introduction allowed me to recall that trade between the European Union and the United Kingdom is now carried out within the framework of the Trade and Cooperation Agreement of 24 December 2020. This agreement exempts them from customs duties and quotas, but re-establishes customs, sanitary and phytosanitary controls to ensure that products imported into the European market comply with European standards, rules of origin and the conditions for fair and equitable competition.
Before dealing with the prospects for the UK's agri-food trade, Janet DWYER, an English national and associate member of the Academy, presented the very environmentalist orientations of the new British agricultural policy, which plans to gradually replace direct aid to farmers with payments for environmental services. She then showed that English dairy production should develop and reduce imports of dairy products from the European Union.
As for the free trade agreements that the United Kingdom intends to multiply with third countries, they are likely to weaken Irish agriculture, whose strong dependence on the English market was mentioned by Carmel CAHILL, an Irish national and associate member of the Academy. For Ireland, it is its beef production that is likely to be the most penalised.
With regard to France, which has had an average agri-food trade surplus with the United Kingdom of 3 billion euros in recent years, the presentation by Thierry Pouch, a member of the Academy, showed that French exports to the United Kingdom had fallen in the first few months of 2021. However, it is too early to draw trends for the future, especially as trade with the United Kingdom has also been disrupted by the Covid-19 pandemic.
Nevertheless, it is necessary to remain vigilant on the implementation of this trade and cooperation agreement because :
- on the one hand, the UK does not seem to be in a great hurry to implement border controls, in particular between Northern Ireland and Great Britain;
- on the other hand, certain provisions of the agreement are not sufficiently clear to avoid disputes, as Gérard VIATTE, a Swiss national and associate member of the Academy, pointed out in conclusion.
Bernard Bourget, member of the French Academy of Agriculture
> Review the session about Brexit