L’Académie d’agriculture de France insiste sur le caractère vital de la recherche
La séance solennelle de l’Académie d’agriculture de France est principalement destinée à récompenser les lauréats ayant enrichi les connaissances et les débats scientifiques dans tous les domaines liés à l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Le 23 septembre 2020, elle a remis 10 médailles d’argent à de jeunes docteurs, 5 médailles d’or à des scientifiques de renom et une vingtaine d’autres prix et bourses diverses à de jeunes chercheurs.
Cet événement coïncide avec l’adoption par l’Assemblée nationale le 24 septembre du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche, et la publication du plan de relance du gouvernement le 3 septembre 2020. Ces trois actions concentrent l’attention sur l’importance de la recherche pour le développement économique et social. Or la France a ralenti ses efforts de recherche depuis quelques lustres et risque de décrocher par rapport à ses partenaires, tandis que la crise Covid-19 exacerbe les besoins de transformations.
La transition agroécologique exige des connaissances nouvelles
Un fort investissement est indispensable dans nos domaines de l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. La transition agroécologique exige des connaissances nouvelles : pour produire mieux en protégeant les sols, pour réduire les intrants en utilisant des synergies entre végétaux, pour mieux apprécier les besoins des animaux, pour perfectionner les matériels de haute précision. Ces avancées scientifiques sont aussi nécessaires pour assurer la qualité sanitaire des aliments et pour respecter au mieux l’environnement des régions à forte densité de population. Il ne s’agit donc pas de favoriser la recherche d’une seule discipline. Nous avons besoin des avancées en sciences humaines et sociales tout autant qu’en sciences exactes (chimie, pédologie, médecine, biologie, informatique, etc.). Les principaux défis sociétaux nécessitent une collaboration active entre les disciplines, notamment entre sciences humaines et sociales et sciences dites « dures ».
La science est en perpétuelle évolution
La recherche agronomique, déjà fort active par la coopération des secteurs public et privé, a besoin de moyens supplémentaires. Le plan de relance du gouvernement a bien pris en considération la nécessité des aides financières pour la mise en œuvre des innovations en agriculture. Il existe un dernier frein à ces transformations, celui du manque de confiance de l’opinion publique envers les agriculteurs et envers les résultats scientifiques. Cette opinion, répercutée par les médias, exige des certitudes alors que la science est en perpétuelle évolution, chaque avancée remet en cause ce que l’on croyait acquis. Il est donc normal que les opinions divergent et la controverse est un instrument majeur de cette quête scientifique.
L’Académie est bien dans son rôle de connaître et encourager les résultats des recherches, de diffuser les innovations, d’éclairer les controverses suscitées par le doute scientifique, dans un esprit de tolérance, et de vérifier que les innovations sont de réels progrès économiques et sociaux.
===
The French Academy of Agriculture insists on the vital nature of research
The solemn session of the French Academy of Agriculture is mainly intended to reward laureates who have enriched scientific knowledge and debate in all fields related to agriculture, food and the environment. On 23 September 2020, it awarded 10 silver medals to young doctors, 5 gold medals to renowned scientists and some 20 other prizes and various scholarships to young researchers.
This event coincides with the adoption by the National Assembly on 24 September of the draft law on multi-year research programming, and the publication of the government's recovery plan on 3 September 2020. These three actions focus attention on the importance of research for economic and social development. However, France has slowed down its research efforts for some time now and is in danger of falling behind its partners, while the Covid-19 crisis is exacerbating the need for transformation.
The agro-ecological transition requires new knowledge
Strong investment is essential in our agriculture, food and environment sectors. The agro-ecological transition requires new knowledge: to produce better by protecting the soil, to reduce inputs by using synergies between plants, to better appreciate the needs of animals, to perfect high-precision equipment. These scientific advances are also necessary to ensure food safety and to respect the environment in densely populated regions. It is therefore not a question of promoting research in a single discipline. We need advances in the human and social sciences just as much as in the exact sciences (chemistry, pedology, medicine, biology, computer science, etc.). The main societal challenges require active collaboration between disciplines, especially between the human and social sciences and the so-called "hard" sciences.
Science is constantly evolving
Agricultural research, which is already very active through cooperation between the public and private sectors, needs additional resources. The government's recovery plan has taken into account the need for financial support for the implementation of innovations in agriculture. A final obstacle to these transformations is the lack of public confidence in farmers and scientific results. This opinion, reflected in the media, demands certainty, while science is constantly evolving, with each advance calling into question what was thought to have been achieved. It is therefore normal for opinions to diverge and controversy is a major instrument in this scientific quest.
The Academy is well within its role to know and encourage the results of research, to disseminate innovations, to shed light on controversies arising from scientific doubt, in a spirit of tolerance, and to verify that innovations are real economic and social progress.
===
Nadine Vivier, Présidente de l’Académie d’agriculture de France