L’Académie d’agriculture analyse l’évolution de la consommation de viande
Face à la gravité de la situation de l’élevage et des critiques réitérées dont il fait l’objet, l’Académie d’agriculture a constitué un groupe de travail interdisciplinaire sur la consommation de viande (essentiellement en France). Ce groupe a procédé à plus de trente auditions de personnalités de sensibilités et d’horizons professionnels divers depuis mai 2017. Une première restitution publique a eu lieu à l’Académie le 23 janvier et une seconde est prévue le 27 mars 2019.
L’étude des cinétiques d’évolution de la consommation depuis 20 ans, notamment par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), montre les réalités contrastées de cette évolution, si l’on tient compte de l’effet générationnel. Cette réalité s’accommode mal d’une consigne unique qui viserait à réduire la consommation individuelle, alors qu’une bonne part de la population consomme moins que la ration préconisée par les nutritionnistes, et que les populations âgées, notamment celles hébergées en établissement, sont carencées en protéines animales, au risque d’aggravations de leurs pathologies motrices.
L’étude des dynamiques sous-tendant cette évolution révèle le rôle des prescriptions religieuses, de normes culturelles plus ou moins implicites, des styles et niveaux de vie, et enfin l’impact des sensibilités et idéologies contemporaines. L’influence des thèses « animalistes » dans la presse, chez les parlementaires et certains intellectuels conforte les facteurs dominants.
La question des conditions de vie et de mise à mort des animaux, qui résonne fortement dans l’opinion publique sous l’action d’associations minoritaires habiles, nous a conduits à proposer le 3 avril 2019 une séance académique ouverte à tous et dédiée au bien-être animal.
Le groupe de travail a examiné l’impact de la consommation de viande, et donc de l’élevage, dans une optique de développement durable, qui conjugue les impératifs économiques, sociaux et environnementaux.
Il a mis en évidence le rôle central de l’élevage pour l’agroécologie, l’entretien des paysages, l’adhésion des éleveurs à des objectifs de qualité de l’eau, de bonnes pratiques, de réduction des émissions, de mise aux normes des installations.
Cette évolution ne semble pas assez perçue par l’opinion publique, alors que l’élevage atteint une efficience alimentaire exemplaire, valorisant les co-produits végétaux impropres à la consommation humaine, et que la transformation des co-produits animaux en produits à forte valeur ajoutée des aliments pour animaux de compagnie (fabrication des petfoods) aboutit à une économie de quasi zéro gaspillage.
Ces conclusions seront ouvertes à la discussion lors des futures séances de l’Académie consacrées à ces sujets.
Jeanne Grosclaude, membre de l’Académie d’agriculture de France, animatrice du groupe de travail « consommation de viande »
> Document : "Aspects sociétaux de la consommation de viande" pour prolonger la réflexion
> Document : "La consommation de viande est-elle antagoniste du développement durable ?" pour prolonger la réflexion
> Document : "Le bien-être des animaux d'élevage ; attention aux malentendus" pour prolonger la réflexion