Faut-il renoncer à toute idée de vérité?
L’ère de la « post-vérité »
En 2016, les « fake news » envahissaient brutalement notre sphère médiatique. Ces « fausses nouvelles » ou « infox » s’imposaient sans complexe revendiquant quasiment leur illégitimité. Nous rentrions, aux dires de certains, dans l’ère de la « post-vérité », ou « ère post-factuelle », une ère de la communication, de la fugacité, de l’apparence.
Ces nouveaux médias permettaient, en toute impunité, la désinformation et, par-là même, toutes les manipulations. Un message sur twitter pouvait être lu par quelques millions de personnes sans que l’identité de son auteur ne soit connue et sans que son contenu soit validé par qui que ce soit.
Aujourd’hui face aux contrôles qui commencent à s’organiser et à montrer quelque efficacité, la manipulation devient plus subtile et cachée. Le lobbying classique est remplacé par des « influenceurs » qui inondent les réseaux sociaux pour modeler l’opinion et créer ce qu’on appelle de « l’hyper-partisanisme » au profit de groupes politiques, de groupes d’intérêt, ou de causes diverses.
Faut-il pour autant renoncer à toute idée de vérité ?
« Les faits ne sont pas des opinions ! ». Ils résistent même avec obstination. L’expérimentation, la preuve, la rationalité dérangent nos représentations rêvées du monde. La vérité persiste malgré tout, parfois en creux, comme une photo en négatif. Qualifier des informations de « fake » suppose, en effet, paradoxalement, d’avoir une intuition de la vérité.
Le concept de vérité sert de référence inconsciente, de valeur implicitement partagée. La vérité, parfois, c’est ce qui manque, ce à quoi on aspire. Mais elle a besoin de temps pour émerger et s’imposer.
L’Académie d’agriculture de France : Connaître et transmettre
Avec l’augmentation rapide de la population mondiale, pour que chacun puisse manger sainement, boire, respirer, lutter contre les maladies, les problèmes à venir sont immenses et complexes. Nous aurons besoin de connaissances et d’expérimentation et de continuer à faire confiance à la science, aux valeurs qui la sous-tendent, à la qualité des hommes qui la font et la promeuvent.
Fidèle à sa devise : « L’ambition de connaître et la passion de transmettre », c’est ce choix de la science, au service de l’humanité, qui a fondé et qui légitime l’Académie d’agriculture de France. C’est le choix de participer, par l’activité de ses membres, français et étrangers, à la fois à la production de données scientifiques fiables, à la transmission de résultats avérés mais aussi d’être partie prenante, de manière dialectique, des controverses scientifiques ou sociétales en cours.
Elle dispose aujourd’hui de tous les moyens modernes de communication qui lui permettent de toucher un public plus large et d’interagir avec lui. Lutter contre les « fake news » et toutes les formes de désinformation dans les domaines qui relèvent de sa mission, agriculture, alimentation et environnement, fait partie désormais, plus que jamais, de sa mission.
Brigitte Laquièze, membre de l’Académie d’agriculture de France