20/10/2020
Cette étude menée par l'Académicien, Directeur-adjoint scientifique agriculture à l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et Michael MacLeod, Chercheur principal, Economie rurale, Groupe Environnement et Société, SRUC, King’s Buildings, Edinbourg, RU a été commandée par la Commission européenne (Direction générale de l'Agriculture et du développement rural).
Les chercheurs y concluent que :
- Beaucoup peut être fait (en améliorant le rendement, en utilisant des intrants à faible incidence et en exploitant les synergies) afin de réduire les incidences négatives de l’élevage et d’en optimiser les effets positifs. La stratégie «de la ferme à la table» ouvre la voie à une agriculture rajeunie qui reste dans les frontières de la planète; l’objectif est de parvenir à un système agroalimentaire à faible intensité de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources, qui offre un large éventail de biens et de services environnementaux (tels que des sols sains, la biodiversité et des paysages attrayants).
- L’amélioration de la durabilité requiert une approche systémique. Il existe un consensus scientifique en faveur d’une alimentation plus saine partiellement rééquilibrée en faveur d’une consommation accrue de fruits et de légumes, de moins de protéines d’origine animale et de moins de sucre. La réduction de la production animale de l’UE est souvent proposée comme un moyen de résoudre simultanément les problèmes environnementaux et de régimes alimentaires. Toutefois, il convient de noter que la simple substitution de la production (et des incidences connexes) de l’UE vers d’autres parties du monde n’est pas une solution. Dans de nombreux cas, l’UE dispose d’une production animale relativement efficace, ce qui fait que simplement réduire la production européenne alors que la demande mondiale de produits animaux augmente peut entraîner un net accroissement de l’incidence sur l’environnement. En outre, des systèmes de production différents ont des performances environnementales et économiques assez différentes qui doivent être prises en compte dans la prise de décision. Enfin, les incidences nettes sur l’environnement de la réduction de l’élevage dépendront du changement ultérieur d’affectation des sols. La conversion des pâturages en cultures arables pourrait entraîner des pertes de carbone dans les sols et une utilisation accrue de pesticides, tandis que la conversion des pâturages en forêt procurera des avantages en termes de stockage du carbone, mais pourrait avoir des incidences négatives sur, par exemple, la vitalité des zones rurales ou le risque de feux de forêt.
- Nous devrions abandonner les positions simplistes, plantes contre animaux ou production extensive contre production intensive, pour promouvoir des systèmes bien adaptés à la diversité de l’agriculture dans l’UE. Il est évident que certains pays auraient du mal à adopter des systèmes extensifs et herbeux, tandis que d’autres ont des choix plus ouverts pour l’avenir. Dans le même temps, les agriculteurs doivent produire des denrées alimentaires répondant aux préférences des consommateurs, à des prix qu’ils sont prêts à payer. Dans ce contexte, il convient de noter que les animaux sont essentiels parce qu’ils sont par nature des recycleurs, ce qui leur permet de contribuer à une agriculture plus efficace en utilisant la biomasse non comestible et en fournissant des engrais organiques. En outre, l’élevage va au-delà de la simple production alimentaire; il contribue à la réalisation de nombreux objectifs de développement durable. La question ne devrait donc pas être « comment réduire la production animale? », mais plutôt « comment augmenter le bénéfice social net des animaux, tout en assurant une distribution équitable des coûts? ». Dans tous les cas, il convient de rappeler que le maintien de la compétitivité du secteur est essentiel.
- Pour remplir ses rôles, les systèmes d’élevage devraient évoluer pour fournir une gamme de produits et de services, plutôt que d’être guidés par l’objectif unique de la production de produits de base. Ce faisant, le secteur de l’élevage contribuera de manière positive aux principales ambitions du pacte vert pour l’Europe, de la stratégie « De la ferme à la table » et de la stratégie en faveur de la biodiversité.
Pour accéder à la synthèse de l'étude : "L’avenir de l’élevage européen: comment contribuer à un secteur agricole durable?" coproduite par Jean-Louis Peyraud, télécharger le fichier PDF, ci-dessous :