Le défi pour l’agriculture mondiale est de continuer à augmenter la production de denrées agricoles tout en résorbant les impacts négatifs qu’elle provoque sur l’environnement et la biodiversité. Or ces impacts ne sont pas fondamentalement dus à une productivité excessive des systèmes de production, mais bien davantage à la trop grande uniformisation des systèmes de production, à toutes les échelles, la parcelle agricole, l’exploitation, les territoires et les régions, qui ne permet plus : (i) d’assurer le couplage des cycles biogéochimiques (C, N, P… et eau) dans l’espace et dans le temps entre les différentes entités de production agricoles ; et (ii) d’assurer la connectivité des réseaux trophiques et des habitats nécessaires à la biodiversité. Ainsi la séparation spatiale entre production végétale et production animale abouti à des disfonctionnements bio-géochimiques dont les conséquences globales deviennent incompatibles avec la qualité de l’environnement. Seule une diversification raisonnée et contrôlée de la production agricole à l’échelle des territoires permettrait de maintenir voire d’amplifier le niveau de productivité agricole tout en améliorant la qualité de l’environnement. Il ne s’agit pas d’un retour sur le passé en forçant chaque exploitation agricole à une diversification systématique de ses productions, mais de voir comment reconnecter les productions spécialisées entre elles dans un cadre territorial afin d’aboutir à une gestion plus optimale (i) du couplage nécessaire entre les cycles bio-géochimiques afin d’éviter les émissions qui détériorent la qualité de l’environnement, et (ii) de la dynamique de la biodiversité.
