L’agriculture, acteur majeur de la bioéconomie ?
Proposé dès 1925 par T.I. Baranoff, biologiste russe, le néologisme "bioéconomie" est repris dans les années 1970 par Nicholas Georgescu-Roegen, économiste américain d’origine roumaine, considéré comme le père des courants de la décroissance (1), pour mettre en avant les interdépendances entre économie et Nature, et donc les contraintes naturelles pesant sur l’activité économique. A partir de 2009, le terme sera vulgarisé par les économistes actuels.
Economie de la photosynthèse, donc du carbone renouvelable, elle se caractérise par un recours à la biomasse, au sens large, comme matière première à destination de l’énergie, de la chimie, des matériaux biosourcés et de l’alimentation. La bioéconomie a récemment fait l’objet de stratégies par la Commission européenne et plusieurs pays, dont la France en janvier 2017.
Le préfixe "bio", si souvent galvaudé, prend dans ce concept tout son sens. En effet, la bioéconomie consiste à valoriser la biomasse de façon raisonnée et organisée pour mieux gérer nos besoins énergétiques, industriels, chimiques, etc. et opérer une transition, d’une économie tout hydrocarbures fossiles, vers une économie biosourcée et durable en réponse au réchauffement climatique. Elle n’a rien d’innovant dans son principe et nos ancêtres les plus lointains la pratiquaient naturellement en utilisant les bioressources pour leurs besoins quotidiens.
"La terre et les ressources qu’elle produit et qu’elle porte sont précieuses et stratégiques" rappelle Claude Roy, président du club des bioéconomistes. En particulier, notre agriculture, y compris la forêt, a tous les atouts pour être un acteur majeur de la bioéconomie, se positionner comme fournisseur important de matière première pour la chimie et l’énergie, et proposer à l’industrie, entre autres, des sucres, des corps gras, des protéines et de la lignocellulose.
"Mais quelle biomasse, pour quels produits biosourcés ?"
L’Académie d’agriculture de France, très attentive au développement de la bioéconomie, organise avec l’Ecole UniLaSalle de Beauvais les 11 et 12 octobre prochain, un colloque destiné à éclairer un vaste public sur cette question et le rôle important que l’agriculture peut y jouer.
Daniel-Eric Marchand, Vice-trésorier de l’Académie d’agriculture de France
(1) Concept à la fois politique, économique et social, selon lequel la croissance économique apporte davantage de nuisances que de bienfaits à l’humanité.