« One Health, contributions de la santé des plantes, des sols, de l’eau, de l’air et de l’environnement »
Le concept « One Health » est très ancien, évoqué par Hippocrate dès le IVe siècle avant notre ère. La plupart des maladies émergeant dans la seconde moitié du XXe siècle ont une source animale, qu’elle soit domestique (vache folle) ou sauvage (tuberculose, influenza, infections à coronavirus, sida…) et pour beaucoup, les zoonoses constituent la base de ce concept. Mais ce dernier s’est récemment élargi pour inclure l’environnement dans tous ses aspects : eau, sol, air, plantes dont la santé et les interactions avec l’Homme et l’animal sont essentielles. C’est dans ce contexte que s’inscrit le récent rapport de l’Académie d’agriculture de France (1).
« One health » et l’environnement
Plantes, sol, eau, air ont tous un rôle à la fois bénéfique mais aussi potentiellement maléfique : les végétaux permettent d’assurer la sécurité des approvisionnements alimentaires et participent à la régulation du climat, le sol en est le support nourricier, l’eau et l’air véhiculent des éléments indispensables à leur croissance. Mais des adventices peuvent entraver la croissance des cultures et sont parfois toxiques. Les plantes sont soumises aux effets des ravageurs qui peuvent détruire plus de 50 % des productions et leurs maladies peuvent elles aussi réduire leur développement et les rendre toxiques par le biais de la production de composés indésirables, mycotoxines en particulier.
L’altération des sols
Les fonctions des sols peuvent être altérées par de multiples facteurs : urbanisation, pollutions chroniques, diffuses ou accidentelles, tassement, érosion, pertes de fertilité, de biodiversité, de matières organiques, salinisation, largement influencées par l’évolution des pratiques agricoles et des réglementations. Ils hébergent des microorganismes utiles pour certains, pathogènes pour d’autres (Salmonella, Listeria, Shigella, E. coli, etc.), à l’origine de la contamination des aliments.
L’eau, un véhicule potentiel
L’eau est également un véhicule potentiel pour de nombreux dangers. Étroitement surveillée, l’eau distribuée pour la consommation est désormais de bonne qualité, mais les eaux de surface restent vulnérables car des contaminants chimiques microbiens, parasitaires peuvent la polluer à tout moment, en particulier à la faveur du lessivage en cas de fortes précipitations.
L’air, un réservoir sans frontière
L’air constitue un réservoir sans frontière et un vaste milieu d’échanges qui contient de nombreux éléments d’origine biotique et abiotique pouvant jouer un rôle direct ou indirect sur la santé et l’agriculture. C’est un vecteur particulièrement efficace pour l’introduction de nouveaux agents.
Les composantes environnementales du concept « One Health » doivent être connues et prises en compte par une surveillance épidémiologique stricte et la réactivité de tous les acteurs concernés, en utilisant au mieux tous les moyens disponibles.
Arlette Laval, membre de l’Académie d’agriculture de France, coordinatrice du groupe de travail « One Health »
(1) > Lire le Rapport du groupe de travail « One Health, contributions de la santé des plantes, des sols, de l’eau, de l’air et de l’environnement », Académie d’agriculture de France, mai 2023, 120 p.
Photo (Arlette Laval) : Les grands rassemblements d’oiseaux dans un environnement souillé sont particulièrement propices à l’amplification et à la diffusion des infections
===
“One Health, contributions to the health of plants, soil, water, air and the environment”
The “One Health” concept is very old and was mentioned by Hippocrates as early as in the 4th century before the common erea. Most of the diseases that emerged in the second half of the 20th century have an animal origin, whether domestic (mad cow disease) or wild (tuberculosis, influenza, coronavirus infections, AIDS, etc.), and for many of them, zoonoses are the basis of this concept. But the concept has recently been broadened to include all aspects of the environment: water, soil, air, plants, whose health and interactions with humans and animals are essential. This is the background to the recent report by the French Academy of Agriculture (1).
“One health” and the environment
Plants, soil, water and air all play a role that is both beneficial and potentially harmful: plants help to ensure food supply and play a part in regulating the climate, the soil provides nutrients, and water and air carry elements that are essential for growth. But weeds can hinder crop growth and are sometimes toxic; plants are subject to the effects of pests, which can destroy more than 50% of crops, and their diseases can also reduce their development and make them toxic through the production of undesirable compounds, mycotoxins in particular.
Soil degradation
Soil functions can be altered by a number of factors: urbanisation, chronic, diffuse or accidental pollution, compaction, erosion, loss of fertility, biodiversity, organic matter, salinisation, largely influenced by changes in farming practices and regulations. They host microorganisms, some of which are useful, others pathogenic (Salmonella, Listeria, Shigella, E. coli, etc.) and are the source of food contamination.
Water, a potential vector
Water is also a potential vector for many hazards. Water distributed for consumption is now closely monitored and is a good quality, but surface water remains vulnerable because chemical, microbial or parasitic contaminants can pollute it at any time, particularly through leaching during periods of heavy rainfall.
Air, a reservoir without borders
The atmosphere is a reservoir without frontiers, and a large exchange medium containing numerous elements of biotic and abiotic origin that can play a direct or indirect role in health and agriculture. Air is a particularly effective vector for the introduction of new agents.
The environmental components of the “One Health” concept must be recognised and addressed through strict epidemiological surveillance and the reactivity of all the players involved, making the best possible use of all available resources.
Arlette Laval, member of the French Academy of Agriculture and coordinator of the “One Health” working group
(1) > Read the Report of the working group "One Health, contributions to the health of plants, soil, water, air and the environment", Académie d'agriculture de France, May 2023, 120 p.
Photo (Arlette Laval) : Large gatherings of birds in a soiled environment are particularly conducive to the amplification and spread of infections