Elle a été rédigée par le Président du Pôle Energie de la Compagnie, en coopération avec les membres du Pôle et validée par le Bureau de l’Académie.
Les conclusions en sont les suivantes :
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L’attaque de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a pris l’Europe par surprise. Elle connaissait sa fragilité militaire ; elle a découvert sa fragilité énergétique et donc économique. Les mois qui viennent sont incertains : l’Europe souhaiterait sanctionner la Russie, mais elle ne le peut pas, tellement elle est dépendante de l’énergie russe. La Russie peut sanctionner l’Europe, en lui coupant la route du gaz.
Il y a urgence à réduire la dépendance aux importations d’énergie russe ; les importations de pétrole ont commencé à se réduire par la seule décision des opérateurs, sans décision de la Commission européenne. Diminuer de moitié les importations de gaz d’ici fin 2022 est ambitieux. Les substitutions seront couteuses.
Les politiques publiques pour faire face à la crise actuelle doivent être menées rapidement et fermement dans un environnement européen difficile. Les enjeux économiques et industriels doivent être le cœur de ces politiques.
Il faut promouvoir les économies d’énergie (agir sur les températures de chauffage, de climatisation, les vitesses, etc. ). La réglementation sera difficile ou inopérante : des campagnes « anti-gaspi » de grande ampleur sont nécessaires, d’autant que les opinions y sont prêtes. Ces indispensables actions de sobriété ne seront pas suffisantes.
L’Europe doit taxer les importations résiduelles de pétrole et gaz russe pour accélérer la baisse des importations ; elle doit également taxer les profits exceptionnels des opérateurs. Ces taxes doivent être redistribuées aux consommateurs pour limiter les impacts des hausses.
C’est l’hiver prochain que la situation sera tendue ; elle se prépare aujourd’hui en remplissant les réservoirs de gaz. Les achats doivent être coordonnés au niveau européen pour éviter les surenchères entre opérateurs. Les différents pays européens disposant de réservoirs doivent payer des prix d’autant plus bas qu’ils ont été clairvoyants dans la recherche de leur indépendance énergétique.
Il faut accepter dans les quelques années prochaines une augmentation des consommations de charbon au détriment des consommations de gaz, et donc reporter la fermeture de centrales au charbon. Il faut aussi reporter la fermeture des centrales nucléaires opérationnelles.
La crise actuelle manifeste de graves insuffisances dans la politique énergétique européenne. Celle-ci doit être complétée par un critère d’autonomie énergétique. Les solutions techniques contribuant à l’autonomie doivent être traitées de façon neutre, alors que certainesrestent actuellement pénalisées.Les investissements envisagés dans la perspective d’accéder à la neutralité Carbone en 2050 doivent être encouragés et accélérés (moyens de production, réseaux de transport, etc.). Les procédures d’autorisation doivent être simplifiées et accélérées. Cette crise comme les précédentes démontre que l’excès d’investissement par rapport à l’optimum économique (terminaux gaziers espagnols, centrales nucléaires françaises) est une assurance contrairement à l’optimisation fine; l’insuffisanced’investissement est une vulnérabilité porteuse de menaces.
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