Frédéric FOURNIER
(1919 – 2008)
Frédéric Fournier nous a quittés en janvier dernier dans sa 89ème année. Il était membre de notre académie depuis 1970.
Né à Mesrine (Turquie) en 1919, il accomplit ses études secondaires au lycée Hoche de Versailles et entra à la Faculté des Lettres de Paris où il obtint un Doctorat d’Etat en Géographie. Frédéric Fournier fut ensuite recruté à l’Office de la Recherche Scientifique d’Outre Mer – ORSTOM – où, à partir de 1944, il est successivement Assistant, Maître et Directeur de Recherche. Il est nommé Inspecteur Général de Recherche en 1965.
De 1956 à 1966, affecté à la Commission pour la coopération technique en Afrique, il dirige le Bureau Inter Africain des sols qu’il contribue à transférer à l’Organisation pour l’Unité Africaine en 1966-1967. Pendant toute cette période, parallèlement à ses activités d’administrateur, il enseigne les sciences du sol à l’Ecole Nationale du Génie Rural et à l’Institut de Géographie de la Faculté des Lettres de Paris. En même temps, il poursuit ses recherches sur le climat et l’érosion, les problèmes de conservation des sols et de transformation des terres en agriculture – des recherches qui lui valent d’être élu Membre de l’Académie d’Agriculture de France en 1970.
Ses travaux de recherche valent également à Frédéric Fournier de présider l’ICC (International Commission on Continental Erosion) à l’IAHS (Association Internationale des Sciences Hydrologiques) de 1972 à 1982, d’assurer le Secrétariat Général du Comité Scientifique sur les Problèmes de l’Environnement (SCOPE) à l’ICSU (International Council for Science) de 1976 à 1983, et d’être nommé Président du Comité français de SCOPE en 1988.
Pendant toute une période de sa vie, Frédéric Fournier a mis ses immenses qualités au service de l’Unesco, comme consultant pour les programmes MAB (l’Homme et la Biosphère – de 1968 à 1995) et IHP (le Programme Hydrologique International – de 1995 à nos jours). Il était Officier de la Légion d’Honneur.
Ceux qui ont eu la chance de travailler avec « Fred » n’oublieront pas son enthousiasme, son dévouement, son inépuisable bonne humeur. Il savait motiver les chercheurs, débutants comme confirmés, et avait le talent rare de savoir mettre en relation des scientifiques de disciplines différentes, de créer des liens entre ceux des pays du Nord et du Sud, entre ceux des pays de l’Ouest et de l’Est. Sa modestie nous faisait parfois oublier qu’il était aussi un grand scientifique.
Nombre de projets menés dans le cadre de l’Unesco lui doivent d’avoir été des réussites sans précédent, tel ce projet « écotone » du programme l’Homme et la Biosphère dont il a été l’âme entre 1986 et 1995 – un projet qui a réuni des chercheurs de 24 pays distincts, créé entre eux des liens durables au fil d’une vingtaine de colloques et de séminaires, et donné lieu à des publications dans les plus grandes revues scientifiques du monde.
De ces rencontres, qu’il facilitait et auxquelles il ne manquait jamais de participer, je garde le souvenir d’un homme toujours attentif aux besoins des uns et des autres. Je garde aussi le souvenir reconnaissant d’un ami qui, pendant des années, a œuvré pour intégrer de jeunes chercheurs français dans les programmes de l’Unesco, y compris à des postes de responsabilité.
Frédéric a maintenant rejoint Jacqueline, son épouse trop tôt disparue. Toutes nos pensées vont à sa famille.
Henri Décamps
Membre de l’Académie