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Gérard de CAFFARELLI

Membres

Fonctions professionnelles

Président de l'Association FERT (Formation pour l'épanouissement et le renouveau de la terre)

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Date décès
17/05/2011
Éloge

Gérard de CAFFARELLI
(1926-2011)


Le décès de M. de Caffarelli, élu membre titulaire de notre Compagnie en 1981, attriste tous ceux qui l’ont connu. D’aucuns pourraient être surpris de m’entendre faire l’éloge d’un membre peu assidu à nos séances… Mais il appartenait à cette catégorie d’hommes toujours prêts à faire preuve de dévouement ; et le monde agricole fit si souvent appel à lui, qu’il fut obligé de limiter son activité à ce qu’il croyait, en conscience, essentiel.
Né en 1926, après avoir terminé ses études à l’École supérieure d’agriculture d’Angers, Gérard de Caffarelli était devenu agriculteur-éleveur.  Très tôt, après s’être engagé dans la JAC (Jeunesse agricole catholique), il devint Président du Centre des Jeunes agriculteurs de l’Aisne (1953- 1956) où son activité fut remarquée. C’est ainsi qu’il devint Secrétaire général adjoint de la FNSEA en 1959, puis fut élu Président en 1963.
Certains crurent alors que ce serait une présidence intérimaire. Mais rapidement le tandem qu’il faisait avec Jean-François Breton, choisi par lui pour directeur, prit de l’autorité à l’époque des grands changements techniques et structurels de l’Agriculture et de l’élaboration de la Politique agricole commune. Et il tint fermement en main le gouvernement de la FNSEA jusqu’en 1971. Car ce diplomate de tempérament sût être courageux et ferme quant il le fallait.
Je n’en veux pour preuve que sa réaction devant le grave incident de la "chaise vide" provoqué, en 1965, par le général de Gaulle, et qui bloquait la mise en œuvre de la politique agricole commune. Après une tentative d’intervention auprès du Premier ministre G. Pompidou, qui fut rejetée sèchement, Gérard de Caffarelli, appuyé par les autres organisations agricoles, décida de faire une vaste campagne d’information des agriculteurs sur les conséquences de ce blocage : 900.000 exemplaires du journal de la FNSEA, 77.000 exemplaires du "Livre Blanc" furent envoyés à toutes les personnalités ; et de multiples réunions dans toute la France…
Résultat : le 5 décembre, au premier tour de l’élection du Président de la République, le général de Gaulle fut mis en ballottage.
On prit alors au sérieux les demandes des agriculteurs : dès le 8 décembre, M. Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères rencontrait à Rome M. Colombo, président du  Conseil des ministres de la CEE ; et le 15 décembre, on annonçait la reprise des négociations !
C’est pour cela que le ministre de l’Intérieur Roger Frey, recevant G. de Caffarelli peu après, le qualifia de "Tombeur du Général" !
Ayant quitté la FNSEA en 1971, il devint Président de la Chambre d’agriculture de l’Aisne, puis en 1974,  vice-Président de l’APCA (Assemblée des Présidents de Chambres d’agriculture), chargé des questions internationales et successeur de Jean Deleau. J’ai donc continué de travailler avec lui, à Paris comme à Bruxelles, car il fut membre du Comité économique et social des Communautés européennes de 1972 à 1986.
Il y marqua sa présence par son autorité, sa compétence et son aptitude à trouver les compromis indispensables à l’établissement de la politique agricole commune. Il devint en même temps président du COPA (Comité des organisations professionnelles agricoles de la CEE) de 1977 à 1979.
Mais il fut parmi les premiers à admettre que la politique agricole devait évoluer. D’où sa proposition, en 1980, d’un  "Pacte de rénovation de la Politique agricole commune" . Cette attitude soutenue par le Bureau de l’APCA fut très mal accueillie par la FNSEA dont les responsables le clouèrent au pilori. Il se montra courageux et ferme devant leurs attaques calomnieuses.
Le débat ainsi ouvert au sein de la profession agricole eut au moins l’avantage de préparer le monde agricole à une inéluctable révision de la PAC.
La réputation de Gérard de Caffarelli, mais aussi sa générosité le conduisirent à accepter la présidence du Conseil national de l’enseignement agricole privé de 1981 à 1994. Il ne s’arrêta qu’une fois sa tâche accomplie avec le statut de l’enseignement catholique.
Il fut aussi Président de l’association FERT (Formation pour l’épanouissement et le renouveau de la terre) qui mobilise les compétences des professions agro-alimentaires pour soutenir les économies en développement ou en restructuration.
Sa nomination au grade de commandeur de la Légion d’Honneur récompensa ses services et ses engagements désintéressés.
Malade depuis quelques mois, Gérard de Caffarelli, s’est éteint le 17 mai 2011 au terme d’une vie consacrée au service de l’agriculture et des agriculteurs. Le nom de cet homme de bien ne doit pas être oublié.


par Jean-Claude Clavel
Membre de l’Académie d’Agriculture de France